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Pour le président du groupe LR au Sénat, le chef de l'État n'est pas sincère lorsqu'il déclare vouloir s'emparer du thème de l'immigration. La preuve, selon lui : la loi "asile et immigration" a tout juste un an.
INTERVIEW

La loi asile et immigration vient juste de fêter son premier anniversaire. Et pourtant, Emmanuel Macron ne semble pas avoir fait le tour de la question. Lundi, le chef de l'État a durci le ton, déclarant notamment qu'"en prétendant être humaniste, on est parfois trop laxiste". Des propos qui laissent supposer un durcissement de la législation propice à plaire à la droite. Mais celle-ci a du mal à trouver le président sincère. "Il ne faut pas faire de procès d'intention mais sur  cette question, je crois qu'Emmanuel Macron est plutôt cynique", a lâché le sénateur LR Bruno Retailleau, mercredi sur Europe 1.

"Macron commente son propre échec"

Et le chef de file du groupe LR au Sénat de citer justement cette toute jeune loi asile et immigration. "Emmanuel Macron est chef de l'État, il faut se réveiller. Il a fait voter une loi avec l'extension des conditions de regroupement familial." Vouloir des mesures plus restrictives n'est donc qu'une posture, selon Bruno Retailleau. "Ces dernières heures, Emmanuel Macron commente son propre échec puisqu'il a fait voter sa loi."

Le sénateur a, lui, plusieurs propositions sur le sujet. "L'Europe est la première puissance humanitaire. Désormais, nous ne devrions aider les pays qu'avec des conditions sur le droit de retour. Aujourd'hui, plus de 90% des déboutés du droit d'asile restent en France", notamment car les pays d'origine ne délivrent pas de laisser-passer. LR propose donc de conditionner les aides au développement à une meilleure coopération dans ce domaine.

Triple frontière et restriction de l'AME

La droite veut également une "triple frontière", en ravivant l'idée des "hot spots" dans les pays d'origine des flux migratoires, mais aussi au niveau de Schengen, avec une augmentation notable du budget de Frontex, et enfin des frontières nationales.

"Nous proposons au Sénat la transformation de l'aide médicale d'État [adressée aux personnes étrangères, y compris celles qui sont illégalement sur le territoire] en aide médicale d'urgence", explique enfin Bruno Retailleau. "Il y a une explosion [du budget de l'AME], ce n'est pas normal." Reste à savoir ce que la droite entend raboter dans les prestations fournies par cette aide médicale d'État. Interrogée sur ce point précis, le chef de file des députés LR a botté en touche. "Il ne s'agit pas de laisser les gens mourir sur le trottoir. Les maladies infectieuses ou contagieuses [resteraient] dans le panier de soin" avec cette proposition. Impossible, en revanche, de lui faire dire ce qui en disparaîtra exactement.