Aux urgences, le manque d'effectif entraîne des mouvements de grève. Photo d'illustration.
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Jean-Luc Boujon, édité par Margaux Baralon , modifié à
La situation se tend aux urgences de Lons-le-Saunier, où de nombreux soignants sont en arrêt maladie. La direction dénonce des arrêts de complaisance et fait réquisitionner le personnel par les gendarmes.

Il était 1 heure du matin, dans la nuit de mardi à mercredi dernier, lorsque Marie, infirmière aux urgences de l'hôpital de Lons-le-Saunier, dans le Jura, a entendu les gendarmes frapper à la porte. Elle qui était rentrée chez elle après une longue journée, et se préparait à un mercredi de repos, a été prise de court. "Ils ont réveillé tout le monde. Le but, c'était que je reçoive une réquisition pour aller travailler le lendemain matin à 7 heures."

Objectif : compenser l'absence de nombreux soignants. Depuis des mois, les personnels de ce service d'urgences sont en grève pour dénoncer le manque d'effectif chronique. Certains d'entre eux, médecins comme infirmiers, souffrant d'épuisement professionnel, se sont également mis en arrêt maladie. "Il faudrait que, pour les urgences et le SMUR [Le Service Mobile d'Urgence et de Réanimation] nous soyons six médecins le jour et quatre la nuit", explique le docteur Eric Loupiac, médecin urgentiste. "Nous sommes trois le jour et trois la nuit en ce moment, cela devient absolument insupportable, les gens sont épuisés."

"On veut juste retourner au travail avec des moyens en plus"

De son côté, Guillaume Ducolomb, le directeur de l'hôpital, estime qu'il s'agit d'arrêts maladie de complaisance. "Nous avons quelques médecins qui ont franchi une ligne rouge en utilisant l'arrêt maladie comme moyen de pression dans le débat. C'est grave", souligne-t-il au micro d'Europe 1. C'est avec son accord que la réquisition du personnel a été ordonnée par le préfet. Réquisition qui est très mal passée auprès des soignants. "Je n'ai rien signé, je ne voulais pas être réquisitionnée", balaie Marie. "Ce n'est pas une façon de travailler pour moi. On n'est pas des criminels. En plus on aime notre travail, on ne ferait pas ça dans des conditions pareilles si on ne l'aimait pas. On veut juste retourner au travail avec du monde en plus, avec des moyens en plus."

 

Cette guerre de tranchées a également des conséquences sur les patients, notamment en cas d'afflux massif, comme lors du jeudi de l'Ascension. Pendant ce que certains soignants ont décrit comme "une nuit d'enfer", ils étaient une vingtaine allongés dans les couloirs des urgences pour seulement deux soignants, dont un interne.