Édouard Philippe 1:29
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Jacques Serais , modifié à
L'ex-Premier ministre a lancé sa formation politique "Horizons" dans sa ville du Havre ce samedi. Une initiative surveillée comme le lait sur le feu par les autres composantes de la majorité, qui soupçonnent Édouard Philippe de jouer sa partition dans un éventuel deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron.
DÉCRYPTAGE

Il est l'homme politique préféré des Français, selon les sondages, avec une solide popularité 15 mois après avoir quitté Matignon. Mais l'ex-Premier ministre ne veut plus se contenter de sa mairie du Havre. Édouard Philippe a lancé son propre parti, Horizons, ce samedi au Havre. Une seule indication évoquait le nom du parti avant aujourd’hui : un tweet de l'édile, déclarant vouloir "participer à la constitution d'une nouvelle offre politique", "dépasser le court terme" et "voir loin pour faire bien".

Les élus Macron-compatibles courtisés

Si Édouard Philippe a assuré Emmanuel Macron de son soutien, La République en marche regarde tout ça avec un œil circonspect. L'ancien homme fort de Matignon veut peser, qui plus est à un moment charnière de la vie politique française. Non, il ne vise pas l'Élysée en 2022, mais il cache à peine ses intentions pour la suite, avec 2027 en ligne de mire.

Et ce chantier commence maintenant. Avec ce nouveau parti, baptisé "Horizons", Édouard Philippe veut élargir la majorité actuelle, aller chercher des maires et des députés classés à droite et Macron-compatibles. Samedi, il s’est affiché par exemple avec le maire d’Angers, Christophe Béchu, ou encore celui de Fontainebleau, Frédéric Valletoux. Autant d’élus qui pourraient ensuite endosser les couleurs philippistes aux prochaines législatives.

Deux cas de figure, un seul gagnant

En cas de second quinquennat, Emmanuel Macron n’aurait d’autres choix que de composer avec ces parlementaires. Édouard Philippe se placerait alors en figure incontournable pour le chef de l'État durant les cinq prochaines années. Il aurait une vraie capacité de blocage et pourrait montrer que sans lui, l'adoption d'un texte serait impossible, tout en étant indépendant de l’appareil de La République en marche.

À l'inverse, si Emmanuel Macron n’est pas réélu, c'est alors un boulevard qui se dessine pour l’ancien locataire de Matignon, puisque En Marche se retrouverait en état de mort cérébral. Édouard Philippe deviendrait de facto le nouveau centre de gravité des Marcheurs orphelins.

Une délégation pro-Macron au Havre

Quoi qu'il en soit, la stratégie philippiste provoque beaucoup de méfiance dans le camp du chef de l’État. Après avoir longtemps tergiversé, les Marcheurs se sont finalement décidé à faire acte de présence, ce samedi. La délégation pro-Macron était menée par le président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, Christophe Castaner. Des élus du MoDem et du parti de centre-droit Agir ont également fait le déplacement, davantage pour surveiller et tenir à la culotte Édouard Philippe, que pour l’applaudir.