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Le parquet national financier a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête sur un contrat signé entre la société de Vincent Crase, un proche d'Alexandre Benalla, et un oligarque russe. 
INTERVIEW

On savait Alexandre Benalla proche d'Emmanuel Macron, on sait désormais qu'il avait aussi ses contacts du côté de Matignon. La chef du groupe de sécurité du Premier ministre, Marie-Elodie Poitout, qui a démissionné jeudi, a en effet reçu l'ancien garde du corps à son domicile, alors même qu'il était déjà mis en examen dans le cadre de l'affaire du 1er-Mai. Une situation qui, de nouveau, interroge sur le rôle joué par Alexandre Benalla au cœur du pouvoir. "Il avait une position que chacun connait à l'Elysée, et qu'il ait eu des relations de travail avec des personnes en charge de la sécurité à Matignon, ou ailleurs, n'est pas une surprise", a voulu balayer vendredi Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, au micro d'Audrey Crespo-Mara sur Europe 1.

Vincent Crase visé par une enquête. "J'entends beaucoup la musique de 'il est très protégé'. S'il était si protégé que ça, il n'y aurait pas des enquêtes ouvertes, et encore une hier par le parquet national financier", relève ce responsable politique. En l'occurrence une enquête qui vise la société de sécurité de Vincent Crase, proche et ancien employeur d'Alexandre Benalla, suspecté de lien avec la mafia russe. Il aurait notamment signé un contrat avec l'oligarque Iskander Makhmoudov pour assurer la protection de ses biens immobiliers en France et de sa famille à Monaco, selon des révélations de Mediapart.

"Il y a une autorité judiciaire qui est indépendante en France", insiste Benjamin Griveaux. "Je note qu'elle a agi de manière rapide, et efficace. Personne n'est protégé, personne n'est au-dessus des lois, contrairement à la petite musique que certains aiment à faire entendre", poursuit-il. "Ce fantasme-là est un fantasme, chacun rend des comptes. Monsieur Benalla va rendre des comptes à la justice française et c'est une très bonne nouvelle."

Une tentative de perquisition. Mercredi, Mediapart a estimé qu'une tentative de perquisition dans les locaux du journal en ligne était la conséquence directe d'un signalement des services du Premier ministre au Parquet. De son côté, Benjamin Griveaux dénonce un raccourci. "On abîme, en faisant ça, et la justice et le pouvoir exécutif. Je ne laisserais pas dire ça !", s'agace-t-il. "Quand des informations ont été transmises aux journalistes, jeudi et vendredi, il n'est pas anormal, quand on l'a transmis à la presse, de transmettre les mêmes informations au procureur de Paris", veut-il justifier.

Benjamin Griveaux fait référence à un courrier envoyé à la justice par le directeur de cabinet d’Edouard Philippe, indiquant que plusieurs médias avaient contacté les services du Premier ministre pour tenter d'établir un lien entre Marie-Elodie Poitout, le conjoint de cette dernière, Chokri Wakrim, justement impliqué dans le contrat de sécurité avec l'oligarque russe Iskander Makhmudov, et la rupture de contrôle judiciaire d'Alexandre Benalla et Vincent Crase. Dans la foulée, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, notamment pour "atteinte à la vie privée", enquête à l'origine de la tentative de perquisition ratée chez Mediapart, le journal ayant refusé l'accès aux enquêteurs, comme l'y autorise la loi dans le cadre d'une enquête préliminaire.

"Dans l'affaire Benalla, il a y eu, en dix jours, des enquêtes judiciaires ouvertes, une enquête de l'IGPN, deux enquêtes parlementaires", relève encore Benjamin Griveaux. Et de conclure : "Laissez la justice faire son travail !"