L'abstention s'est établie à un niveau record lors des élections régionales de dimanche. 2:46
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Jonathan Grelier , modifié à
Les premières estimations des élections régionales françaises de dimanche ont été dévoilées à partir de 20 heures. Abstention record, échec du RN et de LREM, prime donnée aux sortants... Europe 1 fait le point sur les principaux enseignements à tirer de ce premier tour avant le second tour dimanche prochain.
DÉCRYPTAGE

Le premier tour des élections régionales et départementales s'est déroulé dimanche en France dans un contexte de déconfinement après des mois marqués par l'épidémie de coronavirus. Faut-il voir un impact du contexte sanitaire sur la participation à ce scrutin ? En tout cas, celui-ci a été marqué par une abstention record comprise entre 66,1 et 68,6% selon les estimations des instituts de sondage. Europe 1 fait le point sur les premiers enseignements qui peuvent être tirés de la soirée électorale et des premières estimations.

Une abstention historique

Le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, a jugé "particulièrement préoccupant" le niveau record de l'abstention dimanche sur Twitter. Le sujet a fait l'objet de multiples déclarations de personnalités politiques à l'issue du scrutin, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon réclamant dimanche "une commission d'enquête sur les conditions dans lesquelles s'est déroulé le vote" qui a été émaillé de dysfonctionnements. "Le fait (majeur) de cette élection reste quand même l'abstention historique qui incite à être prudent sur les leçons qu'on peut tirer de ce scrutin", a estimé dimanche soir sur Europe 1 Bruno Jeudy, l'éditorialiste politique et rédacteur en chef de Paris Match.

"En gros, un tiers des Français se sont déplacés" seulement, a-t-il souligné. Mais, a prévenu Bruno Jeudy, "on sait que même si à la dernière présidentielle ils étaient moins nombreux qu'à la précédente, ils seront forcément plus nombreux l'année prochaine à se déplacer."

"Contre-performance" du RN et de LREM

Appelant "au sursaut" pour le second tour, la dirigeant du RN Marine Le Pen a reconnu dimanche que ses électeurs "ne se sont pas déplacés" lors du premier tour des régionales. "C'est une contre-performance pour les partis finalistes de la dernière présidentielle", a confirmé Bruno Jeudy. "Marine Le Pen et le rassemblement national sont largement en dessous de leurs ambitions et ça va être compliqué (pour eux) de gagner une région dimanche prochain." "On voit qu'il n'y aura pas de dynamique" et que Marine Le Pen "a peut-être vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué", a-t-il ajouté.

"En tout cas, manifestement, des questions vont sans doute se poser au Rassemblement national", a encore estimé l'éditorialiste politique. Pour lui, "c'est surtout l'ancien monde qui, ce (dimanche) soir, tire son épingle du jeu" avec notamment "les listes LR et divers droite qui font des très bons scores".

La prime aux sortants

De manière générale, les premières estimations semblaient favorables aux présidents et présidentes de région sortants dimanche. "Les présidents sortants, globalement, de droite et même de gauche, sont plutôt bien placés alors qu'on les donnait pour certains en difficulté", a observé Bruno Jeudy. "Je pense notamment à Renaud Muselier (en Provence-Alpes-Côte d'Azur, ndlr) ou aux présidents de gauche comme Carole Delga (en Occitanie, ndlr) qui est en très, très bonne position."

Pour Bruno Jeudy, cette donnée "n'est pas totalement un hasard". "Je pense que les présidents de région sortants ont construit pendant ce mandat l'incarnation de ce que j'appelle 'des gouverneurs' et qu'au fond, dans le périmètre de leurs compétences, ils ont répondu aux attentes", a-t-il analysé. "Et comme les maires sortants l'année dernière, les présidents sortants sont en bonne position pour l'emporter dimanche prochain."