Alain Juppé 1280 1:44
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Stéphane Place, à Bordeaux, édité par Thibaud Le Meneec
Alain Juppé va quitter la mairie de Bordeaux pour siéger neuf ans au Conseil constitutionnel. Un départ qui étonne tous ses administrés et qui divise les élus locaux.
REPORTAGE

"Je suis complètement surprise, il aurait dû rester jusqu'à la fin de son mandat". Pour cette Bordelaise croisée mercredi, le départ précipité d'Alain Juppé au Conseil constitutionnel sur nomination du président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand sonne comme un regret. C'est aussi un bouleversement dans une vie politique locale plutôt calme depuis le retour de l'ancien Premier ministre à la mairie de la ville, en 2006, après un première décennie au Palais Rohan de 1995 à 2004.

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"Strictement rien n'avait filtré", selon un adjoint. Même les élus locaux "tombent de l'armoire", pour reprendre l'expression de l'un d'eux. "Strictement rien n'avait filtré, même les collègues n'en savaient pas plus. On a envie de lui dire 'merci' même si on est un peu sous le choc de l'émotion", glisse Stephan Delaux, un de ses adjoints depuis 1995. 

Un choix décidé depuis longtemps. "Je pensais qu'il se serait représenté et qu'il aurait passé la main en cours de mandat", confie un Bordelais interrogé par Europe 1. Alain Juppé a en réalité décidé il y a plusieurs mois de ne pas se représenter en 2020, mais il ne comptait ne l'annoncer qu'au lendemain des européennes, fin mai. La nomination décidée par Richard Ferrand, mercredi, a bouleversé ce calendrier.

" Peut-être est-ce dû aux dernières semaines, avec les 'gilets jaunes', ça commençait à l'agacer "

D'autres ont leur hypothèse sur les raisons de son départ prochain chez les Sages. "Il saisit une opportunité pour être tranquille pendant neuf ans. Il disait toujours 'les Bordelais, les Bordelais…' mais il part facilement", lâche amèrement une administrée. "Peut-être est-ce dû aux dernières semaines, avec les 'gilets jaunes', ça commençait à l'agacer", phosphore un autre.

Bordeaux fera du surplace pendant un an, d'après l'opposition. Pour étonnant qu'il soit aux yeux des Bordelais, le choix d'Alain Juppé irrite l'opposition. "Ce n'est jamais une bonne nouvelle de quitter un mandat avant la fin", peste Pierre Hurmic, élu écologiste. "Il ne se passera rien pendant un an, avec un maire intérimaire. Il ne faudrait pas que Bordeaux soit de nouveau 'la belle endormie' qu'on a connue pendant trop longtemps. La bonne nouvelle, c'est que le jeu politique est beaucoup plus ouvert en 2020 qu'on ne le pensait jusqu'à présent."

Une succession vite tranchée ? La course à sa succession connaît donc une accélération inattendue. Un vote va être organisé en conseil municipal pour décider de son remplaçant temporaire, avant que le scrutin de l'année prochaine entérine, ou non, cette succession. À moins qu'Alain Juppé ne décide, au cours de sa conférence de presse prévue jeudi matin pour expliquer les raisons de son choix, d'acter le nom de celui ou de celle qu'il verrait bien briguer la mairie à sa place.