Vladimir Poutine jette un froid à l'Otan

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Administrator User , modifié à
Vladimir Poutine a annoncé, dans son discours annuel devant les deux chambres du Parlement russe, un moratoire sur le traité sur les Forces conventionnelles en Europe (CFE) pour protester contre le projet américain de bouclier antimissiles en Pologne et en République tchèque. Le gel a été annoncé ce jeudi alors que les pays de l'Otan devaient débattre entre eux à Oslo du projet de bouclier avant de rencontrer le ministre russe des Affaires étrangères.

Vladimir Poutine vient de lancer un pavé dans la mare de l'Otan. Le président russe a décrété un moratoire sur le traité de 1990 sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE), liant cette décision au projet américain de bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque. Dans son discours annuel, résolument offensif, devant les deux chambres du Parlement russe, Vladimir Poutine a fait valoir que les membres de l'Otan signataires du FCE ne l'avaient pas ratifié et n'en respectaient pas les clauses. Il a ajouté que le projet américain de bouclier antimissile contribuait à alourdir le contexte justifiant sa décision. Le traité CFE a été conclu en 1990 entre les 22 membres de l'Otan de l'époque et les pays du Pacte de Varsovie après la Chute du Mur de Berlin pour parvenir à un désarmement réciproque vérifié dans le domaine conventionnel. Maître tacticien, Vladimir Poutine a choisi le moment où les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance se réunissaient à Oslo pour débattre du projet américain de bouclier antimissiles qui suscite des doutes chez certains d'entre eux. Les Etats-Unis affirment que le bouclier vise à les protéger contre un tir nucléaire venu d'un pays comme l'Iran ou la Corée du Nord, alors que la Russie estime que le bouclier concerne ses armes. Les Français ont émis en public des doutes sur l'efficacité du système et la coalition allemande est partagée entre partisans et adversaires d'un projet qui risque selon ses détracteurs de relancer la course aux armements. Les doutes portent sur les conséquences sur le désarmement, les divergences sur l'analyse de la menace et les craintes des pays comme la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce, qui ne seraient pas couverts par le bouclier américain. Les chefs de la diplomatie de l'Otan doivent tenter à Oslo d'apporter un premier élément de réponse à la préoccupation des pays du Sud-Est européen. Pour sa part, Moscou voit dans le bouclier une atteinte à l'équilibre hérité de la Guerre froide et une incursion à ses portes, puisque le projet prévoit l'installation d'ici 2012 de dix missiles d'interception en Pologne et d'un radar en République tchèque. La Russie est aussi irrité du refus des Occidentaux de ratifier la nouvelle version du FCE tant que la Russie maintiendra des bases russes en Géorgie et en Moldavie, ce qui est selon eux contraire aux arrangements conclus entre les deux parties.