Traité européen : ces "non" alignés au PS

20 députés socialistes ont voté contre la ratification du traité budgétaire européen et 9 se sont abstenus sur les 297 députés PS, soit près de 10% des membres du groupe, lors du vote mardi après-midi à l'Assemblée.
20 députés socialistes ont voté contre la ratification du traité budgétaire européen et 9 se sont abstenus sur les 297 députés PS, soit près de 10% des membres du groupe, lors du vote mardi après-midi à l'Assemblée. © MAXPPP
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Ils sont 20 députés socialistes à avoir voté "non" au traité budgétaire européen, et 9 à s'être abstenus.

Il fallait prouver à l'Europe que François Hollande dispose d'une majorité : c'est fait. Le traité budgétaire européen a été adopté mardi à l'Assemblée nationale, par 477 voix contre 70 et 24 abstentions. Fixée à 274 suffrages – à cause de l'abstention-, la majorité absolue a été atteinte par la gauche seule, qui en a réuni 282. "La gauche s'est réunie pour voter ce traité. Cette majorité ample donnera à la France une capacité supplémentaire de faire entendre sa voix ", s'est immédiatement réjoui François Hollande.

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Après un travail acharné de persuasion auprès des députés de son camp, le gouvernement est parvenu à son objectif. La gauche est conquise. Toute la gauche? Non. Outre les écologistes et les communistes, qui avaient majoritairement annoncé leur refus du traité, 29 députés du groupe socialiste ont résisté encore et toujours à la pression. Ils sont précisément 9 abstentionnistes et 20 "nonistes". Qui a osé contester l'autorité du chef de l'Etat?  Europe1.fr vous présente ces non alignés.

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LES IRRÉDUCTIBLES DE L'AILE GAUCHE

Henri Emmanuelli

Qui sont-ils? On retrouve, dans ceux qui ont voté "non", essentiellement des représentants de l'aile gauche du PS, comme Henri Emmanuelli, député des Landes, Barbara Romagnan (Doubs), Jérôme Guedj (Essonne), Pascal Cherki (Paris), Razzy Hammadi (Seine-Saint-Denis), Pouria Amirshahi, (Français de l'étranger) ou encore celle qui a fait chuter François Bayrou dans les Pyrénées-Atlantiques : Nathalie Chabanne. Parmi les 9 abstentionnistes, on trouve également le député de la Loire et trésorier du parti, Régis Juanico. Mais aussi l'ancien membre du courant Mélenchon-Dray "gauche socialiste" devenu aubryste : Daniel Goldberg (Seine-Saint-Denis). Toutes ces personnalités ont exprimé depuis longtemps leur opposition au traité.

Pourquoi ils ne l'ont pas ratifié? "C'est un traité Merkozie, pas un traité Hollande. C'est un remède qui tue le malade", avait raillé Jérome Guedj il y a quelques semaines. "Il entraîne un risque de récession pour la France et la zone euro. Je suis conscient des efforts qu'il y a à faire pour résorber les déficits, mais pas comme ça", s'est justifié mardi, pour sa part, Henri Emmanuelli dans Sud Ouest. "Cela n'a pas été une décision simple ; c'est une décision solennelle. Je soutiens pleinement l'action du gouvernement, totalement celle de François Hollande. Mais il y a une exception à la règle de la discipline et à la solidarité sans faille: c'est la question européenne ", avait défendu, quant à lui, Razzy Hammadi sur RTL le 21 septembre.

LES "HAMONISTES"

Mathieu Hanotin

Qui sont-ils? Malgré, solidarité gouvernementale oblige, le silence de leur leader Benoit Hamon, ministre de l'économie sociale et solidaire, plusieurs proches du courant "Un monde d'avance" ont également dit "non".  On peut notamment citer dans cette liste le député des Ardennes Christophe Léonard, celui de Seine-Saint-Denis Mathieu Hanotin, Denys Robiliard (Loire-et-Cher), Linda Gourjade (Tarne) ainsi que Michel Pouzol (Essonne). Dans les abstentionnistes, se place également OlivierDussopt, pourtant plutôt partisan du non il y a peu.

Pourquoi ils ne l'ont pas ratifié? "Le compte n’y est pas quand on lit le traité. Il sanctuarise d’un côté l’Europe des riches, de l’autre celle des pauvres", avait, par exemple, avancé récemment Mathieu Hanotin dans une interview au journal de Saint-Denis. "Je reconnais les avancées du gouvernement, avec notamment ce volet croissance, mais je ne me reconnais pas suffisamment dans ce texte pour le voter", avait pour sa par expliqué Olivier Dussopt, contacté par Europe1.fr.

LES "CHEVENEMENTISTES"

Qui sont-ils? Le groupe socialiste compte trois députés du MRC (Mouvement républicain et citoyen), fondé par Jean-Pierre Chevènement). Jean-Luc Laurent, le président du parti et élu du Val-de-Marne, ainsi que les deux autres députés MRC, Marie-Françoise Bechtel (Aisne) et Christian Hutin (Nord), ont donc voté "non" mardi.

Pourquoi ils ne l'ont pas ratifié? "Le traité rédigé à la va-vite cet hiver est l'héritage de la période précédente et le fruit d'une négociation entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Il n'a pas été renégocié et n'offre comme perspective que la récession généralisée et un corset budgétaire sous le contrôle de la Commission européenne", avait taclé Jean-Luc Laurent, dans un communiqué du 1er octobre.

LES DISCRETS

D'autres députés socialistes ont refusé de donner leur feu vert au traité. Ils ont attendu le dernier moment pour le faire savoir et se sont rarement exprimés dans la presse. Parmi les "nonistes", on trouve ainsi Fanélie Carrey-Conte, député de Paris, Jean-Pierre Blazy (Val d’Oise), Chaynesse Khirouni (Meurthe-et-Moselle), Marie-Line Reynaud (Charente) et Férard Sebaoun (Val d'Oise).

Parmi les abstentionnistes : Isabelle Bruneau (Indre), Jean-Philippe Mallé (Yvelines), Dolores Roqué (Hérault), Suzanne Tallard (Charente-Maritime), Stéphane Travert (Manche) et Michel Vernier (Creuse).