Total doit-il rester en Birmanie ?

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le débat sur la présence du groupe pétrolier en territoire birman a été relancé mercredi, après la nouvelle condamnation de l'opposante Aung San Suu Kyi.

Le PS et Les Verts ont demandé mercredi au gouvernement d'utiliser le "moyen de pression" offert par l'implication du groupe Total en Birmanie pour changer le verdict prononcé mardi par Rangoun à l'encontre d'Aung San Suu Kyi : 18 mois supplémentaires en résidence surveillée. La lauréate du prix Nobel de la paix 1991, a déjà passé quatorze des vingt dernières années en détention. Une réflexion doit être menée "au plus haut niveau de l'Etat avec Total", a déclaré un des députés de l'opposition, Pierre Moscovici.
Investisseur majeur en Birmanie, le géant du pétrole, champion de France des bénéfices, se retrouve régulièrement cité dès lors que sont évoquées des sanctions renforcées contre la junte birmane. Le groupe est présent dans le pays depuis 1992, sur le champ gazier de Yadana, dont il possède 31,24% et qui représente 60% du volume des exportations de gaz de la Birmanie vers la Thaïlande. Il y emploie directement 250 personnes.
"Le retrait de Total est à envisager sérieusement", a indiqué mercredi Pierre Martial, du collectif SOS Aung San Suu Kyi. Un retrait également réclamé mardi lors d'une manifestation, par la comédienne Jane Birkin, figure du soutien en France à l'opposante birmane. "Il faut que la communauté internationale décide le boycott absolu. Total doit quitter la Birmanie", a-t-elle dit.
Les responsables français ont appelé mardi à de nouvelles sanctions européennes. Ils ont cité le secteur du bois, celui des pierres précieuses, mais n'ont pas mentionné Total. Comme le président Nicolas Sarkozy, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner s'est prononcé pour des mesures "épargnant la population civile". Il a évoqué "l'interdiction de visa pour les principaux responsables du régime et de la condamnation d'Aung San Suu Kyi, un embargo sur les armes à destination de la Birmanie et un mécanisme robuste de traçabilité des rubis et du bois".
Pourtant en mai dernier, le chef de la diplomatie n'avait pas esquivé le sujet. "Le seul moyen de pression économique sérieux, ce serait évidemment le groupe Total. Pour le reste, il n'y a pas de commerce entre l'Union" européenne et la Birmanie, avait-il déclaré. Toutefois, Bernard Kouchner avait soulevé deux objections : d'une part, l'arrêt de l'exploitation du champ gazier signifierait qu'"on coupe le gaz à une grande partie de la population birmane, et aussi à la ville de Bangkok". D'autre part, que le retrait de Total serait immédiatement compensé par un concurrent chinois. Interrogé à deux reprises sur le sujet, le ministère a refusé de dire si les investissements de Total en Birmanie faisaient toujours partie de la réflexion française sur les sanctions ou s'ils en étaient désormais exclus.
Total a, de son côté, exclu de se retirer de Birmanie. Par la voix de son directeur des relations extérieures, Jean-François Lassalle, le groupe a cependant déploré mercredi la condamnation d'Aung San Suu Kyi, précisant qu'avant le verdict, il avait "fait part de (son) extrême préoccupation aux autorités birmanes à travers leur représentation diplomatique à Paris". Mais "dans un contexte difficile, nous nous voulons exemplaires dans le soutien économique et social aux populations locales", a dit Jean-François Lassalle.

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