Tête de veau contre rosbeef

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Hélène Favier , modifié à

Jacques Chirac n'était pas un grand amateur de cuisine anglaise, révèle Tony Blair, dans son livre.

On connaît son goût pour la tête de veau et une certaine bière mexicaine. On retiendra désormais que Jacques Chirac n'est pas un amateur de gastronomie britannique. Dans son autobiographie publiée mercredi, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair révèle une anecdote ce désamour entre Jacques Chirac et la cuisine anglaise.

Malaise au Palais

La scène se passe en Ecosse, en juillet 2005. Lorsqu'il arrive au Sommet du G8 à Gleneagles, l'ancien président français fait grise mine : il vient d'encaisser le vote négatif des Français au référendum sur la Constitution européenne, et Londres vient de se voir allouer les JO de 2012, au détriment notamment de Paris.

Pour couronner le tout, ses confidences sur la gastronomie britannique et finlandaise, à Vladimir Poutine et Gerhard Schroeder quelques jours plus tôt, lui attirent les foudres outre-Manche et en Finlande. Jacques Chirac aurait en effet affirmé à ses deux homologues : "on ne peut pas faire confiance à des gens dont la nourriture est aussi mauvaise"... De quoi enthousiasmer la Reine Elisabeth.

"Une nourriture aussi mauvaise"

Le soir, un dîner en grande pompe est offert par la reine. "Comme nous nous asseyions à table avec la reine, le Premier ministre japonais Koizumi se lança dans une plaisanterie", relate Tony Blair dans son autobiographie. "Comme il attaquait le premier plat il lança à travers la table à Jacques bien fort dans son anglais hésitant 'Hey Jacques, excellente nourriture anglaise, n'est-ce pas ?', suivi d'éclats de rire".

Jacques Chirac se lance alors dans des protestations véhémentes auprès de la reine, assurant n'avoir jamais dénigré les mets britanniques. "Il dit quoi ?" interroge sa Majesté, ce qui rend nécessaire de relater toute l'histoire, pour la plus grande joie de l'assemblée, et particulièrement de Junichiro Koizumi, qui ponctue chaque bouchée de remarques sur l'excellence de la cuisine "au point que j'ai cru que Jacques allait s'emparer du pistolet de son aide de camp pour lui tirer dessus".

Une question récurrente

Les divergences culinaires entre Jacques Chirac et les Anglais ont souvent fait l'objet de blagues ou d'échanges ironiques, comme ici, lors d'une conférence de presse, où un journaliste britannique demande au président français : "Pourriez-vous remplacer la tête de veau contre un rosbeef royal" :

Dans son livre, Tony Blair rend néanmoins indirectement hommage à la clairvoyance de Jacques Chirac, qui l'avait enjoint de rentrer à Londres alors que des attentats islamistes vennaient de faire 52 morts dans la capitale britannique. "J'ai appelé les autres dirigeants et leur ai expliqué la situation (...) c'est Jacques qui a été le plus catégorique : 'vous devez rentrer, le peuple anglais s'y attendra'."