Sarkozy : Chirac a "l'estime des Français"

"Ces circonstances ne doivent pas faire oublier l'engagement constant de Jacques Chirac au service de la France, ce qui lui vaut et lui vaudra encore l'estime des Français", a fait savoir l'Elysée dans un communiqué.
"Ces circonstances ne doivent pas faire oublier l'engagement constant de Jacques Chirac au service de la France, ce qui lui vaut et lui vaudra encore l'estime des Français", a fait savoir l'Elysée dans un communiqué. © REUTERS
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F.C avec agences , modifié à
REACTIONS - Le chef de l'Etat loue l'engagement de son prédécesseur. Le PS ménage Chirac.

A droite comme à gauche, il y a un point sur lequel on est d’accord au sujet de la condamnation de Jacques Chirac : justice a été rendue. " Inutilement ", "trop tard" pour l’UMP, une preuve, pour l’opposition, qu’il faut "réformer au plus vite le statut pénal du chef de l’Etat".  

Un jugement "d'une grande sévérité"

Nicolas Sarkozy a par ailleurs pris acte jeudi de la condamnation de son prédécesseur. Le chef de l'Etat a rappelé que l'"engagement" de Jacques Chirac "lui vaut et lui vaudra encore l'estime des Français", a fait savoir l'Elysée dans un communiqué.

Du côté des proches de l'ancien président, c’est la tristesse qui domine. "Je suis affecté et triste de cette condamnation (...). Il souhaitait être jugé comme un citoyen normal et assumer l'entièreté de ses responsabilités. Moi je pense qu'on aurait pu s'éviter ce procès mais ça n'était pas le souhait de Jacques Chirac", a rappelé le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob. Même tonalité pour Jean-Pierre Raffarin, soulignant un jugement "d'une grande sévérité et surprenant". Même son vieil ennemi, Jean-Marie le Pen est venu à la rescousse du vieux lion Chirac. "On reproche au Président Chirac des emplois fictifs qui existaient dans tous les partis politiques. Alors, attaquer ensuite en justice un homme qui a servi la France, je trouve cela désolant", a commenté l’ancien président du Front national.

"Je n'ai pas l'habitude de commenter des décisions de justice, je pense simplement que celle-ci arrive vraiment trop tard, plus de 20 ans après les faits", a, de son côté, déclaré François Fillon, en marge d'un discours devant des hommes d'affaires brésiliens. Laissant entendre que les Français conserveraient une bonne opinion de l'ex-chef de l'Etat (1995-2007), il a insisté : "Je pense que cette décision de justice ne viendra en rien modifier le jugement qui est le leur sur le président Jacques Chirac".

Ministre dans le gouvernement "Juppé" de 1995, le centriste François Bayrou  a pour sa part jugé que "dans un Etat de droit, la justice doit être indépendante et la même pour tous. Saisie de graves manquements, après avoir prononcé d'autres condamnations, elle ne pouvait trancher autrement. La loi est dure mais c'est la loi", a conclu le président du MoDem, reprenant l'adage latin "dura lex, sed lex".

"Aujourd'hui, la justice est faite"

Dans l’opposition, on s’est efforcé à ne pas accabler davantage l’ancien président, tout en se félicitant que justice ait été rendue. "La justice est passée et elle devait passer, pour que ne s'installe pas un sentiment d'impunité", a estimé François Hollande. Et le député de Corrèze de poursuivre : "elle est passée, mais avec tellement de retard par rapport aux faits qui ont été condamnés ! C'est-à-dire plus de quinze ans, ce qui renvoie à la question que, depuis plusieurs années, j'ai posée par rapport à la question du statut pénal du chef de l'Etat". Une tonalité reprise  par Benoît Hamon, le porte-parole du PS, pour qui, le point positif n’est pas que "Jacques Chirac soit condamné, c’est que la justice passe et qu’elle dise une chose simple : tout le monde est justiciable".

Eva Joly a vu dans la condamnation de Jacques Chirac une illustration de son combat pour une "République exemplaire ". "Aujourd'hui, la justice est faite. C'est moins la sanction que la condamnation qui est centrale. Nul citoyen ne doit être au-dessus des lois si nous voulons redonner confiance dans la justice et la démocratie. Dans une République exemplaire, c'est le devoir des femmes et des hommes politiques que d'en finir avec ces pratiques malsaines".