Pécresse, Woerth, Darmanin : derrière Sarkozy, mais...
AMBIGUÏTÉS - Pour la présidence de l'UMP, ils voteront Sarkozy. Mais en 2017, leur choix pourrait être différent.
Qu'il est compliqué de s'y retrouver à l'UMP… Entre l'élection à la présidence de l'UMP en novembre prochain, la primaire de 2016 pour déterminer le candidat de la présidentielle de 2017 - sans oublier les quotidiennes péripéties judiciaires -, l'électeur de droite a parfois un peu mal à la tête. Il n'est pas le seul. Certains cadres du principal parti d'opposition ont ainsi fait le choix de soutenir… deux candidats.
Valérie Pécresse a cédé sous "une grosse pression"
Lors de la guerre fratricide qui a opposé François Fillon à Jean-François Copé, à l'automne 2012, Valérie Pécresse était une lieutenante fidèle du premier cité. Depuis, l'ancienne ministre du Budget est restée loyale à l'ancien Premier ministre, n'hésitant pas à égratigner le bilan de Nicolas Sarkozy. Mais tout à sa volonté de se poser en rassembleur d'une famille divisée, l'ancien président fait tout son possible pour élargir le spectre de ses soutiens. Raison pour laquelle il a convié, le 1er octobre dernier, le premier cercle des fillonistes dans son bureau. Opération séduction réussie avec Valérie Pécresse. "J’ai décidé de voter pour Sarkozy", a lâché la députée des Yvelines dans le Journal du Dimanche . Une belle prise pour Nicolas Sarkozy, qui exercé une "grosse pression" sur elle, selon une source UMP citée par Libération.
Un soutien qui ne vaut pas blanc-seing pour autant. Car si Valérie Pécresse a décidé de "voter pour Sarkozy", c'est uniquement dans le cadre du scrutin pour la présidence de l'UMP. "Je conserve toute mon autonomie et ma liberté de choix pour 2017", s'est-elle empressé d'ajouter, avant de nier avoir lâché son champion d'hier : "Je vais continuer à travailler avec François Fillon. Il a une vision lucide des problèmes que connaît la France, il est celui qui fait le travail le plus audacieux et le plus méthodique sur les réformes à accomplir : compétitivité, éducation, fiscalité." Sarkozy aujourd'hui, Fillon demain.
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Éric Woerth a "la double nationalité" Sarkozy-Fillon
Lui aussi fait partie du premier cercle des proches de François Fillon, signataires d'une tribune dans Le Figaro énumérant les conditions d'un ralliement à l'un des trois candidats à la présidence du mouvement. Mais l'ancien ministre du Budget a, lui aussi, cédé aux (bruyantes) sirènes du sarkozysme. Il l'avait déjà laissé entendre avant le retour de l'ex-président. Puis il l'a assuré mardi matin sur Europe 1 : "je voterai Nicolas Sarkozy" en novembre 2014.
Mais à écouter l'ancien trésorier de l'UMP, sourire en coin, "oui, on peut avoir la double nationalité. A la fois, j'aide François Fillon, comme beaucoup, parce que je pense que François travaille sur le fond de manière tout à fait remarquable et pourrait être un jour président du pays. Et puis, en même temps, Nicolas Sarkozy est, me semble-t-il le meilleur candidat à la présidence de l'UMP". Un Nicolas Sarkozy qui, en meeting lundi soir, à Velizy, s'est affiché avec, à ses côtés, trois… fillonistes : Eric Woerth, Valérie Pécresse et Gérard Larcher, récemment élu à la présidence du Sénat.
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Gerald Darmanin, mi-Bertrand, mi-Sarkozy
Peu connu du grand public il y a encore quelques mois, Gérald Darmanin truste maintenant les pages politiques des grands médias. Le jeune député-maire de Tourcoing, membre des Cadets-Bourbons, est courtisé de longue date par Nicolas Sarkozy, qui voit en lui une brillante relève politique. Rien d'étonnant, donc, à voir l'ancien président lui offrir le poste de porte-parole de sa campagne pour la présidence de l'UMP.
Mon cher @GDarmanin, je suis heureux que tu sois mon porte parole pendant ces deux mois de campagne. NS— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 22 Septembre 2014 Sauf qu'avant d'être sarkozyste, Gérald Darmanin est avant tout un très proche de Xavier Bertrand, le premier à s'être lancé dans la course à la primaire de 2016. Et pas le plus tendre à l'égard de Nicolas Sarkozy. "Darmanin, c'est Bertrand", s'était ainsi amusé le second auprès d'Europe 1, courant 2013. Gérald Darmanin a une astuce pour concilier ses deux soutiens : "Nicolas Sarkozy n'est pas candidat à la présidentielle" mais à la présidence du parti. Il ne peut donc pas encore le soutenir pour 2017. CQFD. Et puis, assure-t-il, son mentor a été mis dans la confidence : "J'en ai parlé extrêmement proprement" avec Xavier Bertrand et celui -ci "reste mon candidat à la primaire" de 2016. Mais 2016, c'est encore loin…
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