Mariage gay : les violences, à qui la faute ?

Les manifestants opposés au mariage homosexuel n'hésitent plus à se frotter aux forces de l'ordre.
Les manifestants opposés au mariage homosexuel n'hésitent plus à se frotter aux forces de l'ordre. © MAXPPP
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Droite et gauche condamnent les récents actes violents tout en s’en renvoyant la responsabilité.

Radicalisation. Manifestations violentes, agressions, élus menacés, dérapages verbaux...Les opposants au mariage gay ont décidé depuis quelques temps de muscler leur jeu. Dans les faits, cela se traduit par une intensification des actions, mais aussi par l’apparition de violences, parfois homophobes. Derniers incidents en date jeudi soir : une manifestation ternie par des échauffourées près de l’Assemblée et le saccage d’un bar gay à Lille. Par ailleurs, plusieurs députés favorables au texte ont été victimes de menaces d’intimidation, voire de mort. Dans ce contexte délétère, chaque camp se renvoie la responsabilité 

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Hollande tape du poing... La situation est telle que François Hollande lui-même est monté au créneau jeudi en marge d’un déplacement à Roissy. "Je ne peux pas accepter comme président de la République et les actes homophobes et les violences aux biens", a affirmé le chef de l’Etat. "Le droit de manifester est reconnu par notre Constitution et admis par les Français. Mais aucune manifestation ne doit dégénérer, aucune ne doit s'en prendre aux biens publics et il ne peut pas y avoir d'acte contre des personnes", a-t-il poursuivi.

…Et s’en prend aux opposants. Le président de la République s’est aussi invité dans la polémique, en condamnant les actions de harcèlement des opposants au texte. "Je ne peux pas accepter non plus qu'il puisse y avoir des parlementaires qui ne puissent pas s'exprimer dans des débats publics ou des ministres qui lorsqu'ils se déplacent" sont empêchés "de faire (leur) travail", a encore souligné le chef de l'Etat. "Ce n'est pas un report qu'ils demandent mais c'est le fait que cette loi ne puisse jamais intervenir. Ça s'appelle la mise en cause d'un principe: la loi doit être respectée".

Pour la gauche, la faute à l’UMP. Les partisans du mariage pour tous voient dans cette crispation les conséquences de l’attitude des élus de l’opposition. "Les élus UMP, que la rancoeur et le lamentable besoin d'exister poussent à toutes les extrémités, doivent être tenus pour complices de ces violences", accuse ainsi Ian Brossat, responsable national du collectif LGBT au PCF, dans un communiqué. Plus policé, Manuel Valls n’en a pas moins mis en cause les députés de l’opposition comme les leaders des anti. "Chacun", organisateurs de manifestations comme parlementaires opposés au mariage homosexuel, "doit faire preuve de modération et condamner toutes violences verbales ou physiques", a-t-il asséné. "J'ai entendu certains dans l'opposition mettre en cause le gouvernement (...) toute parole qui donne le sentiment de légitimer cette violence est inacceptable", a insisté le ministre de l’Intérieur.

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Pour l’UMP, la faute à Hollande. Si les leaders de l’UMP dénoncent avec force des actes "abjects", selon l’expression de Jean-François Copé, ils refusent tout net d’endosser la responsabilité des violences. "François Hollande, dans son refus d'écouter les inquiétudes des Français, porte une part de responsabilité dans les crispations et divisions profondes que ce projet a fait éclore dans notre société et contre lequel l'UMP continue de lutter", a ainsi affirmé le président de l’UMP. Valérie Pécresse a abondé sur France Info. "Nous avons trop de violences dans la société française, il ne faut pas les attiser", or "le gouvernement n'a eu aucun geste de pacification", a accusé la secrétaire générale du parti de droite.