L'affaire Geremek provoque un tollé

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Administrator User , modifié à
François Bayrou a profité de sa très attendue et très suivie conférence de presse pour mettre en avant le cas du député européen Bronislaw Geremek, qui pourrait être déchu de son mandat, parce qu'il suit les intellectuels de son pays, la Pologne, qui refusent de signer une déclaration sur leur passé indiquant qu'ils n'avaient "jamais collaboré avec l'ancien régime" communiste.

La menace brandie par le gouvernement polonais de déchoir l'ancien dissident Bronislaw Geremek de son mandat de député européen en raison de son refus de se conformer à la nouvelle loi de "lustration" sur la décommunisation du pays a provoqué mercredi un tollé en Europe. Les trois plus grands groupes du Parlement européen ont sorti l'artillerie lourde contre cette menace de la coalition populiste des frères Kaczynski contre l'un des héros de la lutte contre le communisme, évoquant des sanctions contre Varsovie. L'ancien dirigeant du syndicat Solidarnosc, qui fut ministre des Affaires étrangères de son pays et l'artisan de l'adhésion de la Pologne à l'UE, a annoncé qu'il refusait de répéter une déclaration qu'il avait faite en 2004 disant s'il a ou non collaboré avec la police politique de l'ancien régime. "Quand je me suis présenté aux élections (européennes) il y a trois ans, j'ai rempli toutes les conditions de la loi électorale, notamment en certifiant dans une déclaration que je n'avais jamais collaboré à la police secrète", a-t-il expliqué. Voulue par le gouvernement Kaczynski, la nouvelle loi de "lustration", qui durcit un texte de 1997, contraint les hauts fonctionnaires et d'autres corps de métier à déclarer s'ils ont collaboré ou non avec la police politique communiste. En lançant un "Je refuse" qui résonne comme le "J'accuse" d'Emile Zola, Geremek, qui siège parmi les libéraux-démocrates, a voulu attirer l'attention sur ce texte critiqué en Europe. "Cette loi viole les règles morales, menace la liberté d'expression, celle des médias et l'autonomie des universités", a ajouté cet historien de renom, qui fut l'un des proches conseillers de Lech Walesa au sein de Solidarnosc. En France, l'affaire a été mise en lumière par François Bayrou, proche de Geremek, à l'occasion de sa très médiatique conférence de presse.