L'UMP suspendue à la médiation Juppé

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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
L'ex-Premier ministre doit réunir dimanche les deux rivaux pour la présidence de l'UMP.

Le week-end est décisif pour la très fragile médiation que tente de bâtir l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Alain Juppé va réunir dimanche les deux rivaux pour la présidence de l'UMP, François Fillon et Jean-François Copé, plus que jamais irréconciliables.

Le maire de Bordeaux, juge de paix espéré pour solder le conflit, doit former une instance collégiale de cinq membres, chargée de "(livrer) ses conclusions sous quinze jours" sur le vote des adhérents, à partir notamment des travaux de deux commissions internes à l'UMP, la Commission de contrôle (Cocoe) et la Commission des recours. Mais cette dernière est au centre d'une énième polémique interne, les fillonistes la soupçonnant d'être aux mains de l'équipe Copé.

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L'ex-ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy souhaitait lui que cette commission attende pour se réunir que sa propre mission soit mise sur pied. Mais sa demande n'a pas non plus été respectée : son président, l'ancien député Yanick Paternotte, a annoncé une réunion dimanche à 9h30. Ce dernier n'a pas non plus accédé à la demande du maire de Bordeaux de faire en sorte que les membres de la commission, ayant pris position pendant la campagne en faveur de l'un ou l'autre des deux candidats, ne siègent pas.

>> Alain Juppé sera l'invité dimanche de 10 heures à 11h du Grand Rendez-vous Europe1 – i>TELE – Le Parisien – Aujourd’hui en France.

"Une phase d'observation"

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Dans un entretien samedi à Sud Ouest, Alain Juppé déclare "prendre acte" de cette décision tout en prévenant qu'il "n'est pas question pour (lui) de bénir une procédure à laquelle (il) n'aura pas participé".

Ces questions seront au centre de la rencontre programmée dimanche à 19 heures à Paris -dans un endroit tenu secret- entre Alain Juppé, Jean-François Copé et François Fillon. Alors qu'Alain Juppé, à la recherche de deux membres "neutres" pour sa médiation, a eu des "contacts" avec Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et Gillez Carrez, Jean-Pierre Raffarin et Bernard Accoyer se sont dits disponibles pour représenter chacun les intérêts de Jean-François Copé et de François Fillon.

Mais l'un des acteurs du dossier ne cachait pas son inquiétude : "la médiation, pour l'instant, on ne peut pas dire qu'elle existe, on est plutôt dans une phase d'observation".

Juppé a "de nombreux désaccords à mon égard"

Cope-Fillon

Si la commission des recours sort dimanche "à 18 heures et proclame un président, il est certain qu'on sera obligé d'annuler la réunion de 19 heures entre Fillon, Juppé, Copé", ce qui pourrait aussitôt mettre fin à l'opération d'arbitrage. Jean-François Copé se montre plus que tiède à l'égard d'Alain Juppé, qui "pose son ultimatum tous les jours". "Il n'a rien reproché à François Fillon, alors qu'il a exprimé de très nombreux désaccords à mon égard", a-t-il affirmé.

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L'ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, restée neutre dans le duel, se réjouit tout de même, dans un entretien au Figaro, de la mise en place d'un arbitrage, "première bonne nouvelle depuis plusieurs jours" qui augure d'une "trêve".

Sur LCP samedi matin, le filloniste Jérôme Chartier a lui joué l'apaisement, se disant convaincu que les membres de l'UMP seront "rassemblés" et "unis" à l'issue de cette "tempête". Mais derrière les apparences, la bataille continue à faire rage : il n'y a qu'"une seule commission", "souveraine", "celle présidée par Alain Juppé", a-t-il réitéré. Une position au coeur du conflit avec le camp copéiste, qui veut que la médiation Juppé ne soit cantonnée qu'à vérifier le bon déroulement des travaux de la commission des recours.

>>> Pour Catherine Nay, éditorialiste d'Europe 1, c'est le pire des scénarios pour l'UMP :