L'UMP place un candidat anti-Bayrou

Le 3 mai, François Bayrou annonce qu'il votera François Hollande au second tour de la présidentielle.
Le 3 mai, François Bayrou annonce qu'il votera François Hollande au second tour de la présidentielle. © REUTERS
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Jean-François Copé a annoncé l'envoi d'un candidat UMP dans les Pyrénées-Atlantiques.   

La pilule n'est visiblement pas passée. L'UMP a décidé d'envoyer un candidat aux législatives dans les Pyrénées-Atlantiques, face à François Bayrou, qui avait décidé de voter François Hollande au second tour.

"Le bureau politique a décidé cet après-midi qu'un candidat investi par l'UMP serait présent dans la circonscription de François Bayrou, celui-ci ayant pris la décision d'appeler à voter François Hollande. Le voici donc dans le camp de la majorité présidentielle", a déclaré le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé, à l'issue d'un bureau politique extraordinaire de l'UMP.

Vers une candidature de Jacques Toubon?

En janvier la commission d'investiture de l'UMP avait pourtant décidé, "par élégance", de ne pas investir de candidat face au centriste. Mais c'était bien avant le 3 mai 2012, lors duquel François Bayrou avait déclaré "le vote pour François Hollande, c'est le choix que je fais", dénonçant au passage la "droitisation" de l'UMP. Le Béarnais eut beau marteler "je ne suis pas et je ne deviendrai pas un homme de gauche", le mal était fait pour l'UMP.

Plusieurs candidatures ont été examinées lors du bureau politique de l'UMP.  Après un tweet de Marie-Célie Guillaume, la directrice de cabinet du président du Conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Deveidjian, la rumeur d'une candidature de Jacques Toubon se murmure depuis lundi. Cet ancien ministre de Balladur et Chirac a notamment été directeur de cabinet du préfet des Pyrénées-Atlantiques.

Mais selon le site du journal Sud-ouest, en contact avec un responsable local présent au bureau politique, il s'agirait d'une plaisanterie. "Renseignement pris auprès d'une cadre régional de l'UMP qui assistait au Bureau, c'était une plaisanterie de Jacques Toubon dont le dernier mandat (député européen) s'est achevé en 2009. Depuis qu'il a effectué son stage d'élève de l'ENA à Pau, Jacques Toubon lance volontiers des plaisanteries sur une région qu'il a trouvée attachante", écrit le journal.

Le PS pourrait se désister

Les chances de revoir un jour François Bayrou sur son siège de député à l'Assemblée pourraient donc fortement se réduire. Car les rapports de force ont bougé depuis 2007. À l'époque, François Bayrou avait facilement été élu, poussée par une bonne dynamique présidentielle. Au premier tour il était arrivé en tête à Pau (30%) et dans les Pyrénées-Atlantiques (29,6%), devant Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

Mais le 22 avril 2012, le candidat MoDem a fini seulement troisième dans son département et sa ville. Avec environ 15% des voix dans les deux, il se place loin derrière Nicolas Sarkozy deuxième (23%) et François Hollande en tête (32,7% à Pau et 29,9 dans le département). Pas sûr qu'il l'emporte donc en juin face à un socialiste et un UMP.

Son salut pourrait peut-être venir du Parti socialiste. Pour "remercier" François Bayrou de son choix du second tour,  les socialistes pourraient de pas envoyer de candidat face à lui. "Il me paraît normal que M. Bayrou puisse ne pas être pénalisé pour le soutien à François Hollande. C'est mon avis personnel, ça me paraît cohérent" a par exemple déclaré la députée socialiste Marisol Touraine, lundi soir sur I-Télé. Rappelant qu'allait se tenir un bureau national mercredi, elle a jugé "normal que cette situation y soit évoquée".

Sorti affaibli de la présidentielle par sa place de cinquième homme et un choix du second tour qui a fait s'éloigner de lui tout le centre droit, François Bayrou a tout à espérer d'un coup de pouce du PS. Perdre son siège de député le priverait en tout cas d'une tribune importante pour rebondir.