Karachi : la prudence est de mise

Manuel Valls a sommé Nicolas Sarkozy de s'expliquer sur l'affaire Karachi.
Manuel Valls a sommé Nicolas Sarkozy de s'expliquer sur l'affaire Karachi. © BFM
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REACTIONS - A gauche comme à droite, on accueille avec mesure les révélations de Libération.

Les dernières révélations sur l’affaire Karachi n’ont pas particulièrement bouleversé le landernau politique. Dans son édition de lundi, Libération rapporte qu’un ancien haut fonctionnaire a affirmé lors de son audition devant le juge que Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget, avait donné en 1994 son aval à la création d’une société luxembourgeoise chargée de verser des commissions dans le cadre de contrats d’armement. La justice cherche à savoir si ces commissions n’ont pas été au départ de rétrocommissions qui auraient financé la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995.

"Il faudra bien qu’ils s’expliquent"

La réaction la plus virulente est venue de Manuel Valls. "Il est temps que le président, je l'exige, s'explique sur cette affaire d'Etat", a déclaré le responsable de la communication de François Hollande sur France 2. Le député-maire d’Evry a évoqué un "besoin criant de vérité, de transparence". "Nous le devons aux familles des victimes", a-t-il dit, au sujet de l'attentat de Karachi de mai 2002, qui a fait 15 morts, dont 11 Français, au Pakistan. L’arrêt du versement des commissions dans le cadre du contrat Agosta, arrêt décidé par Jacques Chirac en 1995, pourrait être à l’origine de cet attentat. C’est en tout cas une des pistes étudiées par la justice.

Les camarades socialistes de Manuel Valls ont été moins acerbes. "Je vais être extrêmement prudent parce que je ne crois pas qu'une campagne doive se faire dans un climat d'affaires ou d'affairisme", a ainsi lâché Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, sur RTL. Mais "il faudra bien qu'un jour, Edouard Balladur et Nicolas Sarkozy s'expliquent sur le financement de cette étrange campagne ou l'étrange financement de cette campagne", a-t-il tout de même déclaré.

"Nous jouons la transparence"

Côté majorité, on se garde de balayer les révélations d’un revers de la main. "C'est une affaire qui remonte à plus de 20 ans aujourd'hui", a estimé sur RTL Luc Chatel, un peu large sur le coup. "Attendons les faits et non pas de supposées déclarations via voie de presse", a encore déclaré le ministre de l’Education. "Il y a une enquête judiciaire qui est en cours. A chaque fois que le gouvernement était sollicité pour fournir des informations à la justice, il l'a fait. Donc nous jouons la transparence, et laissons l'enquête judiciaire se dérouler".

Même plaidoyer de bonne foi chez Nathalie Kosciusko-Morizet. "Le gouvernement a systématiquement déclassifié ce qui était autorisé à la déclassification et accompagné la justice de toutes les manières qu'il pouvait pour que la justice puisse faire son travail", a martelé la ministre de l’Ecologie sur France Inter.