"Je revendique le coup de com’"

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Claude Bartolone a assumé vendredi le budget déséquilibré voté la veille en Seine-Saint-Denis.

Claude Bartolone est un élu hors-la-loi. Le président du Conseil général de Seine-Saint-Denis a fait voter jeudi un budget en déséquilibre pour son institution, ce que la loi interdit formellement. Le député socialiste souhaite ainsi tirer la sonnette d’alarme sur la situation financière des collectivités locales qui, estime-t-il, ne reçoivent plus assez d’argent de la part de l’Etat. " Bien sûr qu’il y a un coup de com’. Je le revendique", a-t-il lancé vendredi sur Europe 1, retournant ainsi des critiques adressées par des élus de droite.

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"L’Etat me doit 640 millions"

"Le grand reproche que je fais à l’Etat, c’est qu’il me dit : "payez à ma place, je vous rembourse". Et chaque année, il me rembourse un peu moins. Depuis 2004, c’est 640 millions d’euros qu’il me doit", a poursuivi l’élu socialiste pour préciser sa démarche. "Sur un budget du conseil général, 90% des dépenses sont appliquées au nom de l’Etat. Je suis obligé par la loi de payer ces dépenses obligatoires. Pour faire des économies, je suis donc obligé de taper sur les dépenses dites non obligatoires, la culture, le sport, la vie associative, l’aide apportée aux collégiens pour les transports scolaires…"

Et Claude Bartolone d’interpeller le gouvernement. "Il faut que le Premier ministre prenne ses responsabilités. Le gouvernement a voulu donner un signal en direction de la population de Seine-Saint-Denis en nommant comme préfet monsieur Lambert, qui est un grand spécialiste de la sécurité. Il faut que le gouvernement sache que s’il envoie comme préfet un ancien patron du Raid en mettant dans le même temps les collectivités dans une position de sabrer tous les outils qui permettent de renforcer le lien social, l’égalité républicaine, et la sécurité au sens large, eh bien le pauvre monsieur Lambert va avoir des difficultés."

"Emblématique"

Au-delà du cas de la Seine-Saint-Denis, c’est la totalité des collectivités locales sur qui Claude Bartolone veut attirer l’attention. "J’ai voulu donner un coup de main à toute la France et aux autres départements parce que la cas de la Seine-Saint Denis est emblématique. Mais derrière, c’est de la République dont il est question. Nous avons inscrit dans la constitution la République décentralisée. Pour qu’un certain nombre de politiques soient appliquées au plus proche des citoyens, en respectant la démocratie. "

Quant à la menace d’être placé sous la tutelle du préfet, sur ordre de l’Etat, "je suis persuadé que ça n’arrivera pas", a assuré Claude Bartolone. "Le gouvernement va se rendre compte qu’il ne peut pas mettre les élus locaux en situation de couper les services publics locaux en continuant à ramasser de l’argent sur le dos des populations les plus modestes pour payer le bouclier fiscal. Ça ne tiendra pas."