Entre Premiers ministres, on se comprend

Jean-Marc Ayrault et François Fillon lors de la passation de pouvoirs.
Jean-Marc Ayrault et François Fillon lors de la passation de pouvoirs. © Reuters
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D’anciens locataires de Matignon volent au secours d’Ayrault. Pour eux, le fautif est Hollande.

Jean-Marc Ayrault s’est trouvé de drôles d’alliés de circonstance. Attaqué chaque jour un peu plus, taxé d’amateurisme par l’opposition, raillé par sa propre majorité, le Premier ministre vit des jours agités, lui qui se dit victime "de chroniques quotidiennes de démolition." Il n'est pas le seul à avoir connu quelques tourments à Matignon. Alors quoi de mieux qu’un ancien locataire de Matignon, même de droite, pour prendre sa défense ?

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"Quand le cheval trébuche, c'est le cavalier qui est responsable"

Jean-Pierre Raffarin, "libre parleur" de l’UMP, a ainsi tenu à clarifier la situation du haut de son expérience sous Jacques Chirac, entre 2002 et 2005. Interrogé sur la gaffe de Jean-Marc Ayrault sur le Conseil constitutionnel, le sénateur de la Vienne a ainsi rappelé que "celui qui pilote" l'exécutif, "c'est François Hollande". Et d’illustrer son propos par une de ses formules dont lui seul a le secret : "Quand le cheval trébuche, c'est le cavalier qui est responsable". Dit autrement, "la question, aujourd'hui, c'est comment l'exécutif peut résoudre cette crise de management", a-t-il conclu.

François Fillon, pourtant peu avare de critiques à l’encontre de son successeur, a emprunté le même chemin que Jean-Pierre Raffarin lors de l’émission Des paroles et des actes, jeudi soir, sur France 2. Bousculé par l’hyperactivité de Nicolas Sarkozy, le député de Paris s'est, lui aussi, attiré les critiques au début de son séjour à Matignon. Une situation similaire à celle actuellement vécue par Jean-Marc Ayrault ? "Ce n’est pas tout à fait comparable, si j’en juge par vos commentaires, par les sondages, par l’opinion de sa majorité", a-t-il d’abord esquivé dans un sourire.

Ayrault, "un homme parfaitement estimable"

François Fillon a toutefois rejoint Jean-Pierre Raffarin sur l’évolution des pratiques institutionnelles. "On est dans la Ve République, durcie par le quinquennat, dans laquelle le président de la République est le patron. C’est lui qui est responsable, c’est lui qui a la légitimité", a-t-il souligné, invitant ensuite "ceux qui critiquent Ayrault à se tourner plutôt vers le président, qui est le réel inspirateur de la politique gouvernementale." Un bon moyen pour lui, aussi, de rejeter discrètement sur les épaules de Nicolas Sarkozy les erreurs des cinq années passées…

Edouard Balladur avait été le premier à prendre ses distances avec le "Ayrault bashing". "Je ne vois pas pourquoi je participerais à cette entreprise qui est à la mode depuis quelques semaines et qui consiste à l’accabler", avait estimé au micro d’Europe 1 celui qui dirigea le gouvernement français sous François Mitterrand, de 1993 à 1995. "Je ne connais pas particulièrement monsieur Ayrault, je pense ne jamais avoir eu de véritables conversations avec lui mais c’est un homme parfaitement estimable", a-t-il conclu.