Copé-Fillon : qui sont leurs soutiens à l'UMP ?

A moins d'un mois des législatives, Jean-François Copé et François Fillon, qui a encore dénoncé jeudi "l'hypocrisie" de son rival, sont désormais en guerre ouverte pour le contrôle de l'UMP dans la perspective de la présidentielle de 2017.
A moins d'un mois des législatives, Jean-François Copé et François Fillon, qui a encore dénoncé jeudi "l'hypocrisie" de son rival, sont désormais en guerre ouverte pour le contrôle de l'UMP dans la perspective de la présidentielle de 2017. © MAXPPP
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La "guerre des chefs" a bel et bien commencé à l'UMP. Passage en revue des troupes.

Le Congrès de l'UMP à l'automne prochain s'annonce sanglant. Jean-François Copé, en poste depuis fin 2010, et François Fillon sont désormais en guerre ouverte pour le contrôle du parti. En toile de fond : la présidentielle de 2017.

Faisant fi des prochaines législatives, l'ancien Premier ministre a lancé mercredi les hostilités, en contestant ouvertement l'autorité de Jean-François Copé : "depuis le départ de Nicolas Sarkozy, il n'y a plus, à l'UMP, de leader naturel". Le patron de l'UMP a aussitôt répliqué en invitant "tous (ses) amis de l'UMP" à "la sagesse" et à ne "se mobiliser que pour les législatives". "Quelle hypocrisie !", a surenchéri François Fillon jeudi matin.

"La guerre des chefs" est en marche et les deux camps en ordre de bataille. François Fillon a déjà remporté une petite victoire. Celle de l'opinion. Dans un sondage Ifop pour Sud Ouest publié le 12 mai, il apparaît comme le mieux placé pour diriger l’UMP pour 27% des Français. Jean-François Copé n'arrive qu'en troisième position (13%), derrière le maire de Bordeaux Alain Juppé (20%). Le patron de l'UMP, lui, relativise ce sondage. "Le corps électoral appelé  voter (à l'automne, nldr), ce sont les militants de l'UMP, même pas les sympathisants. Que je ne sois pas populaire auprès de l'ensemble des Français, c'est normal : je suis un repoussoir pour la gauche", explique-t-il au Monde. Car à vrai dire, les enquêtes d'opinion importent peu à six mois du Congrès. La priorité dans les deux camps : engranger des soutiens d'ici l'automne.

A Copé, le noyau dur de l'UMP

Les soutiens, Jean-François Copé sait aller les chercher "avec les dents"."Fillon ne s'intéresse aux gens que quand ils sont en haut de l'affiche. Copé, il s'intéresse à toi quoi qu'il arrive, même si tu es en bas", rapporte ainsi dans Libération le député Sébastien Huygue, un soutien. Valérie Rosso-Debord peut aussi en témoigner. Le patron de l'UMP a ramené dans son giron cette fidèle de François Fillon, auteure d'un rapport sur la dépendance en 2010 et un brin "déçue" par l'ex-Premier ministre. "Avec Fillon, tu donnes mais tu ne reçois rien", résume-t-elle dans Libération.

Pour éviter de faire des déçus, le député-maire de Meaux a sa stratégie : après avoir multiplié les postes de secrétaires nationaux en 2010, le patron de l'UMP a récemment annoncé la mise en place de "mouvements" au sein du parti, comme les statuts le lui permettent. Une manière de répondre aux exigences de ceux qui souhaitent plus de diversité au sein de l'UMP. Une stratégie d'ouverture qui paye en retour. A peine a-t-il lancé son mouvement, Le Rassemblement, que Christian Estrosi a rappelé à l'ordre jeudi François Fillon, soulignant que ce n'était "pas le moment de mettre un coup de canif dans l'unité" de l'UMP.

Mais ces derniers temps, la meilleure arme de guerre, Jean-François Copé l'a trouvée en la personne de Rachida Dati. Celle qui a finalement renoncé à se présenter aux législatives à Paris contre l'ex-chef de gouvernement assure aujourd'hui le "service après-vente" du patron de l'UMP. "Désagréable", "déloyal", "mal élevé", "ingrat". La maire du VIIe arrondissement de la capitale n'a pas eu de mots assez durs jeudi pour dézinguer François Fillon. Jean-François Copé n'a plus qu'à endosser le costume du "rassembleur", comme il l'a fait sur Europe 1 jeudi matin.

Une poignée de fidèles pour Fillon

Les soutiens du député-maire de Meaux en sont convaincus : François Fillon est "un homme seul". L'ex-premier ministre n'est pas un "pas un homme de clan", rétorque le député du Val-d'Oise Jérôme Chartier, fidèle soutien de l'ex-Premier ministre. Le Sarthois l'a lui-même écrit dans un livre en 2006 : "je n'appartiens à aucune chapelle".

Dans la conquête de l'UMP, François Fillon peut déjà compter sur des fidèles. A commencer par Xavier Bertrand. Les relations entre l'ex-ministre et celui qui lui a succédé à la présidence de l'UMP en 2010 sont loin d'être au beau fixe. François Fillon peut aussi s'appuyer sur l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur Laurent Wauquiez. En avril dernier, l'animateur de la Droite sociale ciblait déjà implicitement le secrétaire général de l'UMP : "quelle que soit l'issue du scrutin, il nous faudra des personnalités qui auront à coeur d'être dans le rassemblement et pas dans la logique de clan".

Mais la plus fervente supportrice de François Fillon n'est autre que Roselyne Bachelot. Elle veut faire du "fils spirituel" de Philippe Seguin le chef de l'UMP. Dès qu'il s'agit de vanter les qualités de celui qu'elle surnomme son "petit frère", l'ex-ministre des Solidarités n'est jamais la dernière. François Fillon a une "capacité à rassembler au-delà de la propre famille de l'UMP", a-t-elle récemment assuré.

Fillon vient sur le terrain de Copé

Dans sa quête de soutiens, François Fillon pourrait bien venir jouer les trouble-fêtes dans le camp "Copé".  Et pourquoi pas du côté des "mousquetaires" (également appelés la "bande à Copé"), ce groupe de soutien "très select" (Bruno le Maire, François Baroin, Christian Jacob) qui s'était formé en 2010 (lorsque Xavier Bertrand tenait encore les rênes du parti) pour demander un changement de cap et des places de choix dans l'appareil. Rejoints plus tard par Valérie Pécresse et Luc Chatel, les "mousquetaires" ont passé un accord avant la présidentielle pour se répartir les postes en cas de défaite de Nicolas Sarkozy. Mais cet accord étant valable jusqu'en 2012, la "bande à Copé" passera-t-elle l'été ? Alors qu'il était encore installé à Matignon, le Sarthois a en effet convié trois des "mousquetaires" de Jean-François Copé autour d'un bon repas, rapporte Libération.

L'ex-Premier ministre a également renoué autour d'un déjeuner avec Jean-Pierre Raffarin, avec qui les relations sont depuis longtemps orageuses. De là à recevoir le soutien de ce dernier, il y a encore un monde, et François Fillon ne l'ignore pas : pour l'ancien Premier ministre, le futur de l'UMP rime avec Copé.

Le secrétaire général de l'UMP doit-il  commencer à se faire du souci ? Aux dires de certains fillonistes, dont les propos ont été rapportés dans Le Point cette semaine, Jean-François Copé "pourrait avoir des surprises".