Cantonales : les têtes d’affiche

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Plusieurs personnalités, dont deux ministres et François Hollande, sont particulièrement à suivre.

François Hollande, 2012 en ligne de mire

A gauche, et même tous bords confondus, il est sans doute celui qui joue le plus gros. François Hollande a fait de sa victoire en Corrèze un préalable obligatoire à son éventuelle candidature aux primaires socialistes. S’il perd la présidence du conseil général, qu’il occupe maintenant depuis 2008, l’ancien premier secrétaire du PS dira définitivement adieu à l’élection présidentielle. Telle n’est évidemment pas son intention. Histoire de se présidentialiser, il a entamé il y a plusieurs mois un régime drastique, qui lui a fait perdre près de 15 kilos. Et il laboure le terrain depuis de longues semaines. "J’ai personnalisé le scrutin pour dire aux Corréziens peu mobilisés : ‘Venez voter, car c’est l’avenir du département et le mien qui est en jeu’", admet-il dans Libération du 1er mars.

Pour l’heure, alors même que la majorité de gauche ne tient qu’à un siège, François Hollande est donné largement favori, par ses partenaires comme par ses adversaires, grâce à sa campagne très locale. "Avec sa façon d’être cordial avec les gens et de dire bonjour à tout le monde, Hollande est très consensuel", reconnaît Christophe Petit, conseiller général UMP de Bugeat, dans La Croix.

Même Bernadette Chirac, qui se représente dans son canton de Corrèze, où elle est élue depuis 1979, ne semble pas lui en vouloir d’avoir ravi il y a trois ans ce bastion de la Chiraquie. "C’est un très bon président du conseil général", a déclaré à plusieurs reprises l’ex-première dame. Et si François Hollande l’emporte dans son département, alors il ne se donnera plus de limite. "Si j'y vais (aux primaires) c'est pour gagner. Je n'y vais pas pour négocier, je ne suis pas là pour faire une transaction, un troc. Je suis là pour convaincre", a-t-il martelé le 1er mars sur Canal Plus.

Patrick Devedjian, capitaine abandonné

Ministre il y a encore quatre mois, puis débarqué lors du remaniement de novembre, Patrick Devedjian est également en passe de perdre la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine. Pour lui, la campagne des élections cantonales se résume à un difficile chemin de croix. Lâché par l’UMP locale, en guerre ouverte avec Jean Sarkozy et le couple Balkany, l’ancien ministre de la Relance est quasiment assuré de perdre son siège.

Patrick Devedjian a déjà été évincé de la présidence de la fédération UMP des Hauts-de-Seine en novembre dernier. Il y a vu la patte de Nicolas Sarkozy et a accusé l’Elysée d’avoir fait pression sur les barons locaux de la majorité pour le faire perdre. Et il l’a fait savoir.

Depuis la rupture est totale. Les charges contre Patrick Devedjian se multiplient, venant de son propre camp en général et des Balkany en particulier. Sa réélection à la présidence des Hauts-de-Seine apparaît donc hautement improbable. "Je ne doute pas que pour me faire battre à la présidence du conseil général, ils utiliseront la même méthode qu'aujourd'hui", glissait-il d’ailleurs, fataliste, au Monde, dès le mois de novembre. En cas de défaite, il ne lui restera alors que son siège de député. Qui sera en danger dès 2012.

Michel Mercier et Maurice Leroy, ministres en campagne

Aux régionales de 2010, Nicolas Sarkozy avait envoyé une bonne partie de son gouvernement au front. Bilan : tous les ministres et secrétaires d’Etat avaient mordu la poussière. Cette fois, seuls deux ministres, présidents sortants de leur conseil général, sont de la bataille électorale : Michel Mercier, ministre de la Justice, dans le Rhône, et Maurice Leroy, son collègue de la Ville, dans le Loir-et-Cher.

Le garde des Sceaux part en favori, lui qui a réussi à unir les centristes et l’UMP derrière son nom. Mais sur les 27 cantons renouvelables, 16 sont détenus par la droite, et le risque de basculement s’en trouve accru. En outre, l’étiquette de sarkozyste, alors que le chef de l’Etat est au plus bas dans les sondages, n’est pas franchement porteuse en ce moment. Du coup, Michel Mercier, qui préside le département depuis 21 ans, arpente le terrain. "Il n'a pas raté une cérémonie dans l'ensemble des villes de son canton et aux alentours depuis un mois", reconnaît sur lemonde.fr son opposante communiste, Danièle Lebail. L’opposition départementale y croit tout de même et rêve du gros coup.

Ce sera plus difficile pour le Loir-et-Cher, où Maurice Leroy possède 6 cantons d’avance. 15 sont renouvelables, dont 9 de droite. Mais un seul d’entre eux, celui de Vendôme 2, semble susceptible de basculer. En outre, le ministre de la Ville est très bien implanté localement, et il a privilégié lui aussi une campagne de terrain. Les deux ministres devraient donc tous deux conserver leur conseil général. A moins que l’ampleur du "vote sanction" en décide autrement.

Jacques Peyrat, la revanche extrême

Jacques Peyrat, ancien maire de Nice, n’a toujours pas digéré que Christian Estrosi lui ravisse la place en 2008. Du coup, l’ancien compagnon de route du Front national et ancien de l’UMP compte bien jouer les trouble-fêtes lors du scrutin. Il se présente donc dans le 14e canton de Nice, face à une certaine Dominique Estrosi-Sassonne, ex-épouse de l’ex-ministre de l’Industrie.

Et pour l’occasion, Jacques Peyrat a renoué avec ses amis d’extrême droite. Le Front national a ainsi décidé de ne pas présenter de candidat dans le canton et de le soutenir officiellement. Idem pour le Bloc identitaire (Nissa Rebella dans le département). En contrepartie, Jacques Peyrat a décidé de ne pas présenter de candidat dans le 3e canton de Nice, où Philippe Gardon, leader de Nissa Rebella, brigue le siège.

Mais malgré la présence de l’ancien maire, l’UMP n’a pas trop à s’en faire. Sur les 52 cantons du département, le parti présidentiel et ses partenaires en détiennent la bagatelle de 42. Eric Ciotti, député et président du conseil général, peut dormir tranquille.

>> DOSSIER SPECIAL - Les cantonales 2011