Cantonales : les clés du second tour

© Maxppp
  • Copié
avec Reuters
La participation et le poids du vote FN seront déterminants dans l’issue du scrutin, dimanche.

 

Le Front national fait figure d'épouvantail pour le second tour des élections cantonales face à une UMP chancelante qui espère limiter les dégâts et un Parti socialiste désireux de conforter son assise locale avant 2012. Revue de détail avant le second tour organisé dimanche

 

Quelle participation pour le second tour ?

 

La principale inconnue du scrutin de dimanche, qui concerne 21,4 millions d'électeurs et constitue le dernier véritable galop d'essai avant la présidentielle de l'an prochain, est la participation.

 

Le taux d'abstention a atteint le niveau record - pour une élection nationale - de 55,67% au premier tour, le 20 mars. Les états-majors des partis ont quadrillé le terrain durant la semaine pour tenter de remobiliser leur électorat. Sur les 2.026 sièges en jeu, 1.566 restent à pourvoir.

 

Le Front National en embuscade

 

Fort de 15,56% des voix, juste derrière l'UMP (16,97%), le parti de Marine Le Pen, qui ne compte aucun conseiller général sortant, peut espérer gagner plusieurs sièges dans le Nord, le Pas-de-Calais, le Var, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes ou encore dans l'Est.

 

Le FN, qui s'est maintenu dans plus de 400 cantons, est en tête, selon ses propres comptes, dans 40 d'entre eux.

 

Marine Le Pen, qui ambitionne de figurer au second tour de l'élection présidentielle, veut faire de ce scrutin dit "de notables" un tremplin pour sa candidature à l'Elysée et susciter "un vote d'adhésion".

 

L’UMP marquée par la division

 

Les bons scores réalisés par le FN ont semé le troublé à l’UMP. La majorité, qui a choisi de ne pas donner de consigne de vote à ses électeurs, est apparue divisée durant l’entre-deux-tours.

 

Nicolas Sarkozy, qui refuse de diaboliser l'électorat "frontiste" dans la perspective d'une nouvelle candidature en 2012, a rompu avec la tradition gaulliste en édictant la stratégie du "ni alliance avec le FN, ni front républicain" dans les cantons où le parti au pouvoir n'a pu se maintenir. Un choix désavoué par les centristes et les radicaux et écarté "à titre personnel" par plusieurs membres du gouvernement.

Le Premier ministre, François Fillon, s'est lui-même démarqué du chef de l'Etat en appelant à "voter contre le FN" avant de rectifier le tir le lendemain devant des députés UMP furieux. Reste à savoir désormais quel choix feront les électeurs de droite, sachant que chaque canton a ses propres spécificités et que les consignes données localement diffèrent parfois de celles données nationalement.

 

La gauche veut confirmer

 

La gauche, qui a totalisé 48,71% au premier tour (dont près de 25% pour le PS), entend confirmer les bons résultats enregistrés le 20 mars. L'union de la "gauche solidaire", mise en scène dès le soir du premier tour avec une réunion commune Martine Aubry (PS)-Cécile Duflot (Verts)-Pierre Laurent (PC), souffre toutefois de quelques lézardes elle aussi.

 

Europe Ecologie-Les Verts a en effet décidé de se maintenir face à la gauche dans 37 cantons où il n'y a aucun risque de voir la droite gagner, notamment dans sept cantons où figure le Front de gauche, alliance du Parti de gauche et des communistes.

 

Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche, a en outre choisi de faire cavalier seul. Le PG a obtenu près de 9% au premier tour, devant les écologistes (plus de 8%).

 

Plusieurs départements pourraient basculer

 

La gauche contrôle actuellement 58 départements sur 100. Elle a des chances de l'emporter dans le Jura et les Pyrénées-Atlantiques. Le Val-d'Oise pourrait en revanche passer de gauche à droite.

 

La gauche attend beaucoup de ce dernier scrutin avant 2012, puisque les résultats de dimanche pourraient conditionner en partie ceux des sénatoriales de septembre. En effet, les conseillers généraux font partie des grands électeurs qui participent à l'élection des sénateurs. En cas de large victoire dimanche, l'opposition pourrait ainsi espérer ravir à l'automne la présidence de la Haute Assemblée pour la première fois sous la Ve République.

 

"Le troisième tour" se tiendra le 31 mars

 

Les conseillers généraux sont élus pour un mandat de trois ans - au lieu de six - avant d'être remplacés en 2014 par des conseillers territoriaux.

 

Le "troisième tour", l'élection des présidents de conseils généraux, le 31 mars, pourrait réserver des surprises compte tenu des particularismes locaux et d'alliances parfois imprévues.