Huit ans : voilà huit ans que l'ex-premier ministre du Pakistan Benazir Bhutto n'était pas rentrée dans son pays. Jeudi matin, elle a atterri à Karachi où 250.000 personnes l'ont acclamée. Elle est arrivée sans son mari et ses filles qui sont restés aux Emirats. 20.000 policiers ont été déployés à cause des menaces d'attentats islamistes contre elle. "Je remercie Dieu, je suis très heureuse d'être de retour dans mon pays, ce jour, j'en rêvais", a-t-elle confié à sa descente d'avion. "Je suis très enthousiaste, très heureuse et très fière", a-t-elle ajouté. "Il nous faut la démocratie au Pakistan", a-t-elle ajouté. Ensuite, souriante, l'adulée ex-Premier ministre a salué la foule durant son périple de 18 heures dans son camion équipé de boucliers blindés pour la protéger d'éventuels tireurs isolés. Ses partisans suivaient le cortège que ce soit en chantant, dansant ou en tapant sur des tambours.
Alors qu'elle avait promis pendant des années qu'elle retournerait au Pakistan pour mettre un terme à la dictature militaire du général Pervez Musharraf, Bhutto pourrait conclure un accord de partage du pouvoir avec le président pakistanais. Selon de nombreux observateurs politiques, ce mariage de raison entre deux anciens ennemis semble avoir été soufflé à Musharraf par les Etats-Unis, qui veulent stabiliser cet Etat qui dispose de l'arme nucléaire et qui soutient l'action de l'Otan en Afghanistan. Ce retour a été rendu possible par l'abandon des charges de corruption qui pesaient contre elle.
L'ex-chef du gouvernement (1988-90 puis 1993-96) n'exerce plus de pouvoir depuis dix ans. Elle n'a cependant guère perdu de son charisme et, à 54 ans, demeure l'une des femmes politiques les plus connues de la planète. Formée à Harvard et Oxford, elle est surtout l'"héritière" de son père Zulfikar Ali Bhutto, président puis Premier ministre pakistanais renversé en juillet 1977 par Zia-Ul-Haq et exécuté deux ans plus tard.