Bayrou, un homme "libre" ou "seul" ?

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avec agences , modifié à
REACTIONS - La gauche salue le choix du centriste. La droite le critique.

Si François Bayrou n'a pas donné de consigne de vote avant le second tour de la présidentielle, il a néanmoins indiqué jeudi qu'il avait choisi de donner son propre suffrage à François Hollande. Un choix qui suscite déjà de vives réactions de la part de la classe politique. Europe1.fr fait le point.

François Hollande a salué "un choix d'homme libre indépendant", précisant qu'il n'y avait eu "aucune négociation" avec lui, jeudi, à l'issue d'un meeting à Toulouse, au micro de RMC. "Il a pris conscience que le candidat sortant divisait et que je rassemblais, qu'il y avait un risque pour le pays", a-t-il ajouté, soulignant qui c'était "un vote d'indépendance" et qu'il ne fallait pas "en tirer" des "leçons qui pourraient être faciles".

"Les valeurs humaines l'emportent"

Ségolène Royal a pour sa part salué "la prise de responsabilité du président du MoDem. "Il a pris la mesure de l'enjeu et il a considéré qu'il fallait que les valeurs humaines l'emportent sur les valeurs financières et que cet humanisme centriste n'était plus compatible avec le sarkozysme", a-t-elle ajouté. "Si ce rassemblement avait eu lieu en 2007, la France n'aurait pas subi ces cinq ans de pouvoir dur, dur pour les faibles et les moyens et doux pour les riches", elle "ne serait pas dans cette situation-là", a-t-elle insisté.

Martine Aubry a évoqué "un choix de valeurs". "La ligne a été passée, celle qui distingue les républicains et les autres. C'est historique pour notre pays", a précisé la première secrétaire du Parti socialiste. Manuel Valls s'est félicité de "la capacité de François Hollande à rassembler". "A rassembler la gauche d'abord et puis à rassembler la majorité des Français, ceux qui veulent tourner la page du sarkozysme", a précisé le directeur de la communication du candidat socialiste. "Le peuple de gauche est en train de s'élargir au peuple de France", a commenté Arnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire.

"Un homme seul qui s'exprime"

"L'avis de Monsieur Bayrou, c'est l'avis d'un homme seul qui s'exprime", a réagi le Premier ministre, François Fillon, à l'égard du choix de François Bayrou pour François Hollande. "Ce choix, c'est le sien, ça n'est pas le nôtre", a-t-il ajouté. Accordant sa réaction à celle de François Fillon, Jean-François Copé a estimé que cette consigne était motivée " par dépit personnel". Le secrétaire général de l'UMP a également déclaré qu'il regrettait "profondément" ce vote de François Bayrou pour François Hollande. "Je suis triste (…) parce que je n'en comprends absolument pas les motivations", a-t-il précisé.

Alain Juppé a déploré "un choix complètement incohérent". "Comment peut-on avoir défendu jusqu'au soir du premier tour la priorité à donner à la maîtrise des déficits et à la lutte contre le surendettement et s'apprêter à voter pour un candidat qui refuse même la règle d'or ?", a réagi le ministre des Affaires étrangères. Michel Mercier, le ministre centriste de la Justice, a, quant à lui exprimé sa "grande tristesse". "L'anti-sarkozysme peut être un sentiment mais ne sera jamais une politique", a ajouté le garde des Sceaux, jadis très proche du président du MoDem et désormais "en congé" du parti.

Quant à Christine Boutin, la présidente du Parti chrétien-démocrate a interpellé le président du MoDem sur le réseau social Twitter en déclarant qu'il "devait tout à la droite".

Et chez les centristes ?

Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, a dit qu'il "regrettait vraiment" le choix de François Bayrou, estimant que c'était une façon d'exprimer ce qu'il n'avait osé dire à l'entre-deux tours de la présidentielle de 2007. "Je pense qu'il y a peu de choses en commun entre la folie dépensière publique des socialistes, les prélèvements obligatoires supplémentaires, et le projet politique de François Bayrou", a déclaré l'ancien ministre de la Défense sur iTélé.

Yvan Lachaud, le président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée nationale, a estimé que François Bayrou, qui "s'était trompé en 2007" en refusant de voter pour Nicolas Sarkozy, "commet une deuxième faute" en votant François Hollande, ajoutant qu'il "est un homme de droite".