Batho et le "traitement de défaveur"

Delphine Batho a évoqué Jérôme Cahuzac, déplorant qu'il avait fallu "trois mois pour démissionner un ministre du Budget suspecté de fraude fiscale et trois heures" pour son limgeage.
Delphine Batho a évoqué Jérôme Cahuzac, déplorant qu'il avait fallu "trois mois pour démissionner un ministre du Budget suspecté de fraude fiscale et trois heures" pour son limgeage. © MAXPPP
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avec AFP
L’ex-ministre, débarquée début juillet, dénonce un problème de "hiérarchie des valeurs" et cite Cahuzac.

Delphine Batho n’a semble-t-il pas digéré son limogeage. Débarquée du gouvernement le 2 juillet dernier pour avoir critiqué le budget qui lui était alloué pou son ministère de l’Ecologie, la future députée des Deux-Sèvres est sortie de son silence samedi en début de soirée. Elle a profité d'un pique-nique avec des sympathisants socialistes à Azay-le-Brûlé pour dire tout le mal qu’elle pensait de la manière dont son départ a eu lieu.

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"Traitement de défaveur". "Malheureusement, depuis le 2 juillet, la preuve a été faite qu'il n'y a pas de jurisprudence Batho dans la gestion du gouvernement. J'ai en quelque sorte bénéficié d'un traitement de défaveur", a déclaré l'ex-ministre de l'Ecologie. "Je le dénonce parce que j'y vois un problème de hiérarchie des valeurs lorsqu'il faut trois mois pour démissionner un ministre du Budget suspecté de fraude fiscale et moins de trois heures pour limoger la ministre le l'Ecologie qui dit la vérité sur le budget de son ministère", a-t-elle poursuivie, visiblement émue, lors d'un discours d'une dizaine de minutes.

"Jugement de cour". L'élue a aussi estimé avoir fait l'objet d'un "jugement de cour", reprenant en souriant la fable de La Fontaine : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir". Elle pense avoir déplu parce qu'elle a "défendu une conception de l'État fort face à un certain nombre d'intérêts particuliers et face à certaines puissances économiques". "La transition énergétique, malheureusement, n'est pas compatible avec la rigueur", a dit Delphine Batho qui s'est déclarée "pour le redressement des comptes publics sans sacrifier l'avenir".

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"Je ne me sens pas  seule". "J'ai dit ce que tout le monde pense. J'ai dit ce que disent les ministres en privé. Beaucoup de gens ont le sentiment de ne pas être entendus. Aujourd'hui, je ne me sens pas seule", a-t-elle lancé. "Il y a un an, on était dans l'enthousiasme du lendemain des victoires électorales. Je ne veux pas qu'on soit aujourd'hui dans le temps des déceptions et désillusions parce je sais qui pourrait en profiter, et en profite déjà, en particulier en milieu rural", a affirmé Delphine Batho. L’ex-ministre a ajouté qu'elle entendait "continuer (son) travail dans la seconde circonscription des Deux-Sèvres et à l'Assemblée nationale dans la majorité" et "continuer à se faire entendre dans la vie politique nationale".