Allocations familiales : pourquoi Hollande s'est laissé convaincre

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Aurélie Herbemont et , modifié à
François Hollande n’était pas emballé par l’idée, mais s’est laissé convaincre. Pas sans arrière-pensées.

L’INFO. C'est une petite révolution qui met fin au principe d'universalité des allocations familiales. "C'est une réforme de justice parce qu'elle préserve le caractère universel de la politique familiale", a toutefois estimé Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales. "Désormais, elles seront conditionnées aux revenus. Tollé du côté des représentants des associations familiales, ainsi qu'à l'UMP. Le numéro 1 de la CGT, Thierry Le Paon, critique quant à lui une mesure contraire à l'esprit même de la sécurité sociale. Mais si le gouvernement est la cible des critiques, c’est plutôt du côté des députés PS qu’il faut chercher les responsables. Ces derniers ont en effet bataillé ferme pour obtenir cette modulation, alors que le chef de l'état appuyait sur la pédale de frein.

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"Cela devenait compliqué de nous dire non". Les députés ont réussi leur coup. Cette modulation, le chef de l’Etat n’y était pas favorable. L’an dernier, quand il avait (déjà) fallu faire des économies, il avait préféré jouer sur le quotient familial et la semaine dernière, il assurait encore que ce principe n’était pas retenu. Sauf que le patron des députés PS, Bruno Le Roux, n’a pas lâché l’affaire et a pu compter sur le renfort de Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale. Sans oublier que Manuel Valls a estimé que ce débat pouvait être mené par les députés. "Cela devenait compliqué de nous dire non", sourit-on à l’Assemblée.

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"On a fait un coup politique". Au groupe socialiste, la rumeur d’une baisse de la prime de naissance avait fait grincer quelques dents. Ma modulation suscitait davantage d’adhésion. Alors mercredi dernier, après le conseil des ministres, le chef de l’Etat a réuni les ministres concernés. Et tous ensemble se sont dit que c’était peut-être le bon moment et la bonne occasion pour valoriser le travail du Parlement. "On a fait un coup politique", se félicite un conseiller du président de la République.

Car le gouvernement doit faire face depuis des mois à un noyau d’une trentaine de frondeurs, qui assurent un peu partout dans les médias que l’exécutif reste sourd à leurs revendications. Mais là, le groupe PS et le gouvernement montrent que certaines exigences portées par les députés peuvent aboutir. Pas certain toutefois  que cela leur suffise pour mettre un mouchoir sur leur colère.