A l'UMP, les "mousquetaires" ne sont plus

En avril 2012, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Christian Jacob, François Baroin et Luc Chatel avaient participé au même meeting de soutien à Nicolas Sarkozy. Depuis, la belle unité a volé en éclat.
En avril 2012, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Christian Jacob, François Baroin et Luc Chatel avaient participé au même meeting de soutien à Nicolas Sarkozy. Depuis, la belle unité a volé en éclat. © MAXPPP
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Le pacte entre Copé, Jacob, Le Maire, Baroin, Chatel et Pécresse semble définitivement rompu.

Au départ, ils étaient quatre et s’étaient juré fidélité. En signant en septembre 2010 une tribune commune dans Le Monde, Jean-François Copé, Christian Jacob, Bruno Le Maire et François Baroin, avaient joint leur trajectoire politique et s’étaient auto-baptisés les "Mousquetaires" de l’UMP. Ces chiraquiens pur jus avaient été rejoints quelques semaines plus tard par deux autres "bébés Chirac", Luc Chatel et Valérie Pécresse, pour former un groupe également appelé "La Bande à Copé". Ces six-là, juraient-ils, étaient liés à la vie, à la mort. Mais aujourd’hui, la devise "Un pour tous, tous pour un" a plutôt fait place au "chacun pour soi".

Pécresse en "Milady"

Et c'est le plus chiraquien de tous, François Baroin, qui a confirmé jeudi que les Mousquetaires étaient désormais de l’histoire ancienne. "Non, j’espère qu’on pourra continuer de se voir", a-t-il d’abord répondu, interrogé sur la "dissolution" du groupe, sur France Inter. Mais l’ex-ministre de l’Intérieur a ensuite admis, sourire aux lèvres. "Bon, ça a pris un peu de plomb quand même". Puis, plus sérieux : "en réalité chacun a sa trajectoire, chacun écrit son histoire. Nous avons eu un bout de chemin ensemble dans le respect et l’amitié, on peut continuer à avoir nos trajectoires dans le respect et l’amitié."
 

Ce n’est pas gagné. Au moment de se lancer dans la grande bataille pour conserver la tête de l’UMP face aux offensives de François Fillon, "D’Artagnan" Copé pensait bien compter sur le soutien de ses fidèles "Mousquetaires". La déception n’en a été que plus cruelle. Le coup le plus dur est sans doute celui porté par Valérie Pécresse, qui a annoncé le 20 juin son ralliement à François Fillon. "Le meilleur pour nous faire gagner en 2017", a estimé la "Milady" de l’affaire.

Baroin et Le Maire roulent pour eux

L’ancienne ministre du Budget n’est pas la seule à avoir pris ses distances avec l’actuel secrétaire général de l’UMP. Fâché que ses idées n’aient pas été reprises pendant la campagne, alors qu’il avait été chargé de rédiger le projet UMP pour l’élection présidentielle, Bruno Le Maire s’est refusé à soutenir Jean-François Copé, brandissant même la menace d’une candidature personnelle. "Désormais, je roule pour moi", confiait-il au Monde en fin de semaine dernière. "Je vais faire des propositions pour la reconstruction de l'UMP, et si besoin est, je les défendrai moi-même", a prévenu l’ex-ministre de l’Agriculture.

François Baroin a adopté la même stratégie. L'ex-ministre de l'Economie refuse lui aussi de soutenir ouvertement Jean-François Copé. "Je ne m’exprime pas sur le sujet aujourd’hui", a-t-il répété jeudi. "Et je pourrais effectivement être candidat si d’aventure je trouvais que l’offre n’est pas satisfaisante."

Sur les six "Mousquetaires", Jean-François Copé ne peut donc compter sur le soutien indéfectible que de trois d’entre eux. Lui-même bien sûr, mais aussi Luc Chatel, en retrait dans cette guerre des chefs, et Christian Jacob. Ce dernier a remporté une belle bataille pour son chef, en étant réélu largement à la présidence du groupe UMP à l’Assemblée. Mais les coups de mousquet assénés par les anciens de la "Bande à Copé" pourraient peser bien plus lourd.