10 "candidats" et quelques escarmouches

Seuls cinq candidats à l'Elysée participeront lundi soir à l'émission "Mots croisés" sur France 2, Nicolas Sarkozy, François Hollande, ainsi que Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou et Marine Le Pen ayant délégué un représentant.
Seuls cinq candidats à l'Elysée participeront lundi soir à l'émission "Mots croisés" sur France 2, Nicolas Sarkozy, François Hollande, ainsi que Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou et Marine Le Pen ayant délégué un représentant. © CAPTURE ECRAN FRANCE 2
  • Copié
, modifié à
Les dix candidats, ou leur soutien , ont débattu lundi soir sur France 2.

C'était le dernier rendez-vous télévisé de la campagne avant le premier tour. Les dix candidats (ou presque) à l'Elysée ont participé lundi soir à l'émission Mots croisés sur France 2. Eva Joly (EELV), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), Nathalie Arthaud (LO), Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès), Philippe Poutou (NPA) étaient eux-mêmes présents sur le plateau de l'émission. Mais Nicolas Sarkozy (UMP), François Hollande (PS), ainsi que Jean-Luc Mélenchon (FG), François Bayrou (MoDem) et Marine Le Pen (FN) avaient délégué un représentant.

Les dix personnalités étaient toutes en plateau en même temps, interrogées chacune sur quatre thèmes. En 4'min chrono, voici ce qu'il fallait retenir :

DETTE : DÉSACCORD A L’EXTRÊME GAUCHE

Premier à prendre la parole, Nicolas Dupont-Aignan souhaite une "relance de la croissance" et "sortir de l'euro pour enfin ne plus passer par les marchés financiers et financer sa dette par la Banque de France".  Pour Eva Joly, il faut "réduire des dépenses inutiles comme l'entretien de l'arsenal nucléaire" et "augmenter les recettes en luttant contre la fraude fiscale". Florian Philippot, porte-parole de Marine Le Pen  juge lui aussi qu'il y a "une mauvaise dépense publique". "Je pense à la fraude sociale, au coût de la décentralisation", précise-t-il. Mais Nathalie Kosciusko-Morizet (porte-parole du candidat de l'UMP) pense autrement : réduire les dépenses "passe, selon elle, par la limite de certains dépenses de l'Etat (…) et par un partage de cet effort avec tous ceux qui n'en font pas encore, par exemple les collectivités territoriales". 

16.04 mots croisés 1 930620

© CAPTURE ECRAN FRANCE 2

 Philippe Poutou propose une solution plus radicale : "supprimer la dette", alors que Nathalie Arthaud souhaite tout simplement que ce soit ceux qui "ont fait la dette" qui la remboursent, "c'est-à-dire les banquiers" et le "grand patronat". François Delapierre (directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon) prévient : "il ne faut surtout pas couper les dépenses"

Pour Marielle de Sarnez, directrice de campagne de François Bayrou une seule solution : "se remettre à produire en France pour créer de l'emploi". Jean-Marc Ayrault (conseiller spécial de François Hollande) insiste quant à lui sur un point : "retrouver avant tout de la justice" en supprimant "les cadeaux fiscaux" faits sous Nicolas Sarkozy, et en "relançant la croissance".  Enfin, Jacques Cheminade considère que "l'Etat doit "redevenir le maître de son endettement" et propose d'abroger des lois afin de "rétablir un système de banques nationales".

EMPLOI : LE MADE IN FRANCE EST ROI

A droite, Nicolas Dupont-Aignan propose des ""droits de douane" et demande la "sortie de l'euro", tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) défend le "European act" et l'investissement dans la recherche. Florian Philippot (porte-parole de Marine Le Pen) préconise pour sa part "un protectionnisme ciblé", prenant l'exemple de tablettes iPad qu'on aurait pu demander de faire fabriquer en France. Enfin pour Marielle de Sarnez (directrice de campagne de François Bayrou), "Il faut se remettre à produire filière par filière".

Mais pour Nathalie Arthaud, la solution est ailleurs : il faudrait commencer par "supprimer les licenciements". Même son de cloche chez Philippe Poutou qui veut "s'attaquer aux capitalistes et leur enlever le droit de faire ce qu'ils veulent".  >> Voir également le coup de gueule de Poutou contre Sarkozy en cliquant ici.

"Tout le monde tire des plans sur la comète" :

Jean-Marc Ayrault préfère de son côté la "relance de la croissance en Europe", alors que Jacques Cheminade prône "une banque nationale sous contrôle citoyen" et souhaite multiplier par deux le nombre d'inspecteurs du travail". Quant à François Delapierre (directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon), il souhaite "définanciariser l'économie", "partager les richesses"  et "un horizon productif". Enfin, pour Eva Joly, "il faut vivre autrement" grâce aux énergies renouvelables et à une nouvelle agriculture, qui emploie "plus de main d'œuvre".

16.04 mots croisés 2 930620

© CAPTURE ECRAN FRANCE 2

 

IMMIGRATION : QUAND JOLY CITE BREIVIK

Eva Joly s'estime être "un exemple de ce que l'immigration peut réussir" et cite Breivik pour mettre en garde contre les théories du FN. "Aujourd'hui, à Oslo s'ouvre le procès d'Anders Breivik (...) Il a fait partie d'un parti comme le Front national pendant 10 ans et il s'est senti autorisé à tuer 77 personnes", s'insurge la candidate écolo. Réponse de Florian Philippot (FN) : "Vous n'aimez pas beaucoup ce pays (La France). "S'il y a bien un sujet d'imposture chez Nicolas Sarkozy c'est celui-là (...). Le rêve de la gauche, la droite l'a fait" accuse ensuite Florian Philippot. Ce dernier dénonce "une dérive de la morale publique", faisant allusion à Pierre Lellouche, suspecté d'employer une sans-papiers. Nathalie Kosciusko-Morizet préfère rappeler l'objectif de Nicolas Sarkozy : accueillir moitié moins" d'immigrés qu'aujourd'hui en raison de la crise. 

16.04 joly 930620

© CAPTURE ECRAN FRANCE 2

A l'inverse, Philippe Poutou préconise "la régularisation de tous les sans-papiers", pendant que Nathalie Arthaud pousse un coup de gueule : "les travailleurs immigrés sont surexploités. Y en a marre de les pointer du doigt". Marielle de Sarnez (MoDem), dénonce elle aussi "la théorie constante des boucs émissaires" tandis que le socialiste Jean-Marc Ayrault trouve "indigne" que l'immigration soit prise en otage par des intérêts politiciens".

Jacques Cheminade se démarque et choisit de s'en prendre à la "colonisation extérieure", c'est-à-dire le "refoulement" dans les ghettos de populations entières. "Notre responsabilité au Front de gauche, c'est d'être devant le Front national au premier tour", assure de son côté François Delapierre. Mais pour Nicolas Dupont-Aignan, il est important  mieux réguler l'immigration clandestine. "Je suis un des seuls à parler souvent d'un plan important de développement du Maghreb et de l'Afrique", poursuit-il.

NUCLEAIRE : CHEMINADE SE MET EN AVANT

D'emblée, Jacques Cheminade s'affirme comme le "seul candidat à défendre le nucléaire", défendant "une source de développement économique" à condition que cela demeure "public et entièrement public". Eva Joly , elle, "veut sortir du nucléaire sur une durée de 20 ans (...) pour que la situation soit douce pour les Français". Philippe Poutou se prononce lui aussi pour la sortie du nucléaire, et met en garde contre le retraitement des déchets nucléaires. L'important pour Nathalie Arthaud ? Que les entreprises du nucléaire ne soient pas aux mains des "capitaux". De son côté, Marielle de Sarnez (MoDem) estime que le nucléaire est "une énergie de transition. La priorité est la lutte contre le réchauffement climatique"". Jean-Marc Ayrault souhaite "aller vers le mix énergétique". "Non au zéro nucléaire", prévient-il, avant d'ajouter : "à l'horizon 2050, la part de l'énergie devra passer de 75% à 50%". 

16.04 CHeminade 930620

© CAPTURE ECRAN FRANCE 2

Mais François Delapierre (Front de gauche) considère que la question de la sortie du nucléaire doit passer par un référendum : "le risque est supporté par toute la collectivité, la réponse ne peut pas appartenir à quelques-uns seulement". Selon Nicolas Dupont-Aignan, la priorité est de garantir le nucléaire public, mis en cause par le traité de Barcelone.

"Sur le nucléaire, la réponse de la gauche était formidable dans son ambiguïté" :

NKM, elle, ne peut s'empêcher de souligner l’ambiguïté d'Eva Joly et de Jean-Marc Ayrault sur le sujet du nucléaire. Et Florian Philippot (FN) de conclure sur une certitude : "personne ne fera de référendum sur le nucléaire".