Violences Policières Police Gilets Jaunes GJ FDO 2:30
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Le documentaire de David Dufresne, "Un Pays qui se tient sage", sort mercredi. Au micro d'Europe 1, mardi matin, le journaliste défend la nécessité de porter à l'écran le phénomène de violences policières, qu'il a l'habitude de documenter sur les réseaux sociaux.
INTERVIEW

Jusqu'ici connu pour ses "signalements" de violences policières opérés sur Twitter pendant la mobilisation des "gilets jaunes", David Dufresne a décidé de transposer son travail sur le grand écran. Le journaliste s'est mué en documentariste avec Un Pays qui se tient sage, qui sort en salles mercredi. Au micro Europe 1 de Philippe Vandel, mardi matin, l'auteur du livre Dernière sommation raconte la génèse de ce long-métrage sur les affrontements réguliers entre une partie de la population et sa police.

"La discussion" plus que "l'invective"

"Le film est arrivé bien après les signalements et le livre Dernière sommation (éditions Grasset, 2019)", explique David Dufresne. "Je me suis dit qu'après la bataille de l'actualité, avec les signalements et la bataille des mots avec le livre, il fallait quand même livrer la bataille de l'image et de la réflexion." "Je pense que ces images sont plus grandes que nous, que nos téléphones, que Twitter ou Facebook, où l'on efface les images en scrollant", développe le journaliste dans Culture Médias. "On les oublie en les balayant."

Celui qui a remporté le grand prix des Assises du journalisme pour ses investigations sur les violences policières réfute également l'emploi de "l'invective" pour privilégier la "discussion" dans son documentaire : "J'ai mis autour autour de la table tout un tas de gens par deux, qui se connaissaient ou qui ne se connaissaient pas. Ils avaient envie de parler et de partager, de confronter leurs points de vue" sur le rapport entre la police et les Français.

Sollicitations refusées

Dans le documentaire, qui n'a pas reçu l'aide du Centre national de la cinématographie, le nom et la fonction des 24 intervenants n'apparaissent qu'à la fin. "En gommant le statut des gens dans la société, on gomme la hiérarchie sociale", défend le journaliste. "Pour moi, la parole est égale et une voix vaut une voix en démocratie. L'idée de dire 'vous ne le saurez qu'à la fin' est aussi une façon de jouer avec les préjugés que nous avons tous, et moi le premier."

Au total, plus d'une vingtaine de villes et 55 sources d'images "variées, citées, recoupées, contextualisées et rémunérées" figurent dans Un Pays qui se tient sage, un documentaire qui a nécessité "près de deux ans de travail".

En revanche, le téléspectateur ne verra ni membre du ministère de l'Intérieur, ni représentant des autorités policières comme la préfecture de police ou l'IGPN. "Après des mois de sollicitations, la préfecture de police de Paris a refusé toutes nos sollicitations, ainsi que la place Beauvau", regrette David Dufresne à propos de cet "ordre d'en haut", à savoir, selon lui, "le cabinet du ministère de l'Intérieur de l'époque, Christophe Castaner". "Les gens ne comprennent pas, quand ils ont vu le film, que l'institution ait refusé le dialogue."