Roman Polanski 2000*1000 2:41
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Cyril Lacarrière, Jean-Pierre Montanay, Alexandre Homar et Mathieu Charrier
Le réalisateur, visé par les accusations de viol de dix femmes, dont une Française, livre sa version des faits dans un long entretien accordé au magazine "Paris Match". Une interview âprement négociée par la magazine, dont le directeur de la publication, Hervé Gattegno, explique auprès d'Europe 1 la démarche au nom du "droit à se défendre".

Le magazine Paris Match consacre sa Une de la semaine à Roman Polanski, le réalisateur de J’accuse, de nouveau sous le coup d'une accusation de viol. Dans un long entretien à l’hebdomadaire, le metteur en scène de 86 ans se défend des faits rapportés par Valentine Monnier mi-novembre. Ces déclarations, publiées par Le Parisien, avaient obligé les acteurs à arrêter la promotion de son film, et poussé le réalisateur au mutisme.

On sait qu’en pareilles circonstances, les conditions de l’interview sont extrêmement encadrées, d’autant que la communication de Roman Polanski est gérée par Anne Hommel, spécialiste de la communication de crise. Le grand public a connu son nom et son visage lors de l’affaire DSK, qui était l'un de ses clients. "Il a fallu faire un travail d’approche, contacter les gens qui travaillent pour lui, son agence de communication, son avocat, faire passer des messages à certains de ses proches que je connais", explique à Europe 1 Hervé Gattegno, le directeur de la direction de Paris Match. "Il a fallu le rassurer, le convaincre que notre démarche était sincère et ouverte, que l’on n’était pas là pour l’accuser, mais au contraire pour lui donner la parole." Un long déjeuner avec le réalisateur aura finalement achevé de le convaincre.

Au nom de la "présomption d‘innocence"

Dans ce contexte, on imagine que tout doit être pris en compte, notamment la question de la parole de la victime et le poids de celle de l’accusé, surtout lorsqu’il est aussi célèbre que Roman Polanski. "Je crois que les affaires d’abus sexuels, de violences, de féminicides sont un phénomène utile. Cela fait du bien que l’on puisse dire ces choses et avancer. Néanmoins, comme pour les affaires de corruption dans les années 1980 ou les affaires de pédophilie dans les années 1990-2000, on a tendance à passer d’un extrême à l’autre. Il faut, plus que jamais, s’attacher à la présomption d'innocence", plaide Hervé Gattegno. "Roman Polanski, comme d’autres gens célèbres accusés de telles choses, a le droit de se défendre, de s’exprimer sans que l’on considère que parce qu’il est accusé, il est coupable."

La version de Roman Polanski

Dans cet entretien, Roman Polanski nie en bloc les accusations de Valentine Monnier dont il dit se souvenir "à peine". "Et je n'ai évidemment aucun souvenir de ce qu'elle raconte puisque c'est faux. Je le nie absolument". Et le réalisateur d'expliquer qu'en plus, la photographe affirme que c'est une amie qui l'avait invitée chez lui, mais qu’elle ne se rappelle plus qui précisément. "C'est facile d'accuser quand tout est prescrit depuis des dizaines d'années." Et lorsque les journalistes précisent que Valentine Monnier l'accuse aussi de l'avoir battue, il répond : "C'est délirant ! je ne frappe pas les femmes. Sans doute les accusations de viol ne font plus sensation, il fallait en ajouter une couche !".

" Depuis des années, on essaie de faire de moi un monstre "

Roman Polanski revient également sur l'affaire Samantha Geimer, qui l'a accusée de l'avoir droguée puis violée dans la villa de Jack Nicholson en 1977, alors qu'elle n'avait que 13 ans. "Depuis des années, on essaie de faire de moi un monstre. Pour les enfants et pour Emmanuelle [Emmanuelle Seigner, son épouse, ndlr], c'est épouvantable." "Pour ma famille et moi, ça n'est vraiment pas facile", a d’ailleurs confié l'actrice a Europe 1. 

Enfin, dans cette interview à Paris Match Roman Polanski cible aussi les médias, qui "se jettent sur lui avec une violence inouïe. C'est comme une malédiction qui revient, et je ne peux rien y faire" estime-t-il.