Plus de dix ans après l'attentat le plus violent de Norvège, un documentaire recueille la parole de survivants. La chaîne Planète+ Crime diffuse lundi soir le film La tuerie d'Utøya, consacré à l'attentat commis par Anders Behring Breivik le 22 juillet 2011. Le militant d'extrême droite avait fait exploser une voiture piégée devant le siège du gouvernement à Oslo, avant d'ouvrir le feu sur un camp de jeunes travaillistes sur l'île d'Utøya. Au total, 77 personnes sont mortes dans cette tuerie.
La difficulté de convaincre les victimes de témoigner
Pour faire ce documentaire, la réalisatrice Maud Vasquez a interrogé cinq survivants qui étaient présents sur cette île. "Je suis passée par une association norvégienne et ensuite j'ai dû téléphoner plusieurs fois à plusieurs survivants, je leur ai présenté le projet le plus honnêtement possible", détaille-t-elle au micro d'Europe 1, soulignant ô combien il a été difficile de convaincre les victimes de revenir sur ces terribles moments.
"Ils ont eu beaucoup, beaucoup de réticence au départ", pointe-t-elle, "il a fallu que je les rassure vraiment sur le fait que ce ne serait pas une reconstitution, sur le fait que ce ne serait pas américanisé, que je serai vraiment dans leur ressenti humain, et sur l'après", explique Maud Vasquez. "Sur place, j'ai gagné une nouvelle étape de confiance avec eux en louant une maison là-bas. Tous les survivants venaient dans cette maison, on a fait des bouffes ensemble, on y a appris à se connaître", précise la réalisatrice sur Europe 1.
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Beaucoup d'émotions lors des interviews
Dans le film, les cinq survivants reviennent sur le déroulement des faits et sur l’instinct de survie qu’ils ont développé ce jour où leur vie a basculé. Mais ces victimes, qui ont aujourd’hui une trentaine d'années, racontent aussi leur combat pour se reconstruire. Maud Vasquez a ressenti beaucoup d'émotions au cours de ces interviews.
"Lors de mon premier coup de fil avec Torje, dont le frère s'est pris une balle dans la tête, il m'a dit qu'il venait d'aller seul sur l'île, qu'il était retourné dans la grotte où il s'était caché", indique la réalisatrice. "Il me parlait d'une sorte de renaissance, il s'était réapproprié les lieux. Il se sentait de nouveau en sécurité là où il ne l'avait pas été. J'ai tout de suite pensé au Bataclan et aux queues que l'on voit aujourd'hui les soirs de concerts. Les survivants ont une capacité à rendre solaire le plus obscur", affirme Maud Vasquez.
Le documentaire est diffusé lundi soir à 21 heures sur Planète+ Crime, disponible avec l'offre du bouquet Canal+, et il sera également possible de le retrouver sur la plateforme MyCanal.