Luz. 6:45
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Aurélie Dupuy
Le caricaturiste revient avec un album en noir et blanc qui retrace les coulisses du film "Les désaxés" avec Marilyn Monroe. Un ouvrage qui interroge le fait d'être un symbole.
INTERVIEW

C'est un paramètre contre lequel il ne peut rien, mais Luz sera toujours un survivant de la tuerie de Charlie Hebdo. Et ce n'est pas la protection policière qui l'entoure qui pourra le lui faire oublier. Pour autant, Luz est toujours dessinateur et caricaturiste. C'est la raison pour laquelle il publie une bande dessinée grand format en noir et blanc intitulé Hollywood menteur. Un album qui fait écho à sa propre histoire. Il s'en est expliqué au micro de Philippe Vandel dans Le grand journal du soir.

"Après les attentats, ce film a buté dans ma tête régulièrement"

À première vue, l'album qui retrace les coulisses du film TheMisfits, soit Les désaxés en français, avec Clark Gable, Marilyn Monroe et Montgomery Clift, pourrait ne pas avoir beaucoup de points communs avec l'histoire de son auteur. D'ailleurs, en 2014, la première fois que Luz voit le film américain de John Huston, l'attentat n'a pas imprimé sa réalité. Le film, qui a été un four commercial à sa sortie en 1960, est depuis devenu un film culte. Et puis, "après les attentats, ce film est revenu, il a buté dans ma tête régulièrement. Il a fallu que je comprenne pourquoi il y avait quelque chose qui coinçait. Quand je ne comprends pas les choses, je dessine", lâche Luz.

"Maintenant, tout le monde s'est barré, je suis tout seul dans ma merde"

De ses recherches, ressort une image des acteurs, "figés", selon Luz, "dans leur symbolique". "Houston s’est dit je vais prendre un cow-boy vieillissant, une actrice sex-symbol (...) Ce qui m’intriguait, c’est comment on s’en sort quand on devient un symbole ?". La question est évidemment un miroir pour lui, symbole des survivants des attentats de 2015. "On est le symbole dans le regard des autres. Moi, je n’ai pas décidé de survivre, je n’ai pas décidé que tous les médias me tiennent le crachoir. Maintenant, tout le monde s’est barré, je suis tout seul dans ma merde. Je me débrouille. Je suis dans ma vie, je suis peut-être revenu à quelque chose d’autre. Et en même temps, comment être autre chose que ce qu’on vous a obligé à être ?", interroge-t-il.

La réponse est peut-être en couverture de l'album, où il a dessiné une Marilyn en colère, un sentiment qui n'a jamais été capturé du temps de la légende. "On ne lui a jamais offert la possibilité de donner l'image d'elle en colère. Et dans les Misfits, elle est en colère à un moment donné mais la caméra est en retrait. C'est terrible, c'est la seule scène dans toute sa carrière où elle pouvait être en rogne !"