L'élection de Donald Trump "a rendu la presse américaine meilleure"

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A.H. , modifié à
Conspués à tout bout de champ par Donald Trump et son administration, les médias américains ont dû se réinventer. Les journalistes Martin Weill et Melissa Bell sont venus témoigner sur Europe 1.
INTERVIEW

Cela fait un an jour pour jour que Donald Trump a été élu à la tête des Etats-Unis. Une onde de choc pour la presse américaine et étrangère, qui n'avait pas vu venir ce cataclysme politique. Dans Village Médias mercredi, Martin Weill, journaliste à Quotidien sur TMC, et Melissa Bell, correspondante de CNN à Paris, ont analysé les changements qu'ont été contraints d'opérer les médias depuis un an.

"Du journalisme remarquable depuis un an". Car c'est bien là le mérite de l'élection du magnat de l'immobilier, selon les deux reporters. "Les reportages de fond, aller parler aux gens pour comprendre, c'est sans doute l'impasse qu'avaient fait les médias américains il y a un an. C'est sans doute pourquoi on n'avait pas bien vu venir ce qui allait se passer, ce tsunami qui allait déferler sur les Etats-Unis", indique la correspondante de CNN. La chaîne de télévision est devenue l'une des cibles privilégiées de Donald Trump, qui l'a rebaptisée "Fraud News Network", et qui refuse bien souvent de répondre aux questions de ses journalistes. "On a vu du journalisme remarquable depuis un an. Certains médias américains se sont réinventés, et c'est un défi de tous les jours", juge-t-elle. 

"Une guerre ouverte" avec les médias. Selon Melissa Bell, le travail des correspondants de CNN à la Maison-Blanche "n'a jamais été aussi difficile". "Ils sont épuisés. Imaginez tous les jours, dans votre lieu de travail, une tension pareille… C'est du jamais-vu. C'est une guerre ouverte. Donald Trump ne mâche pas ses mots, il n'hésite pas à attaquer de façon très controversée et très agressive les médias. C'est le propre du populisme. Et un populiste n'a pas envie d'avoir à rendre des comptes", analyse-t-elle.

"La seule solution, c'est de revenir aux faits". Pour les médias américains et étrangers, l'écueil à éviter serait alors de ne pas uniquement s'attacher "au côté bouffon" de Donald Trump, mais de décortiquer très précisément son action. "Il y a une grande partie de la presse américaine et étrangère qui avait été choquée par le personnage, sa vulgarité, son franc-parler, et qui n'a pas prix la peine de parler de lui avec une certaine objectivité. La seule solution, c'est de revenir aux faits (…) car la Maison-Blanche elle-même veut brouiller les pistes", explique Melissa Bell. "Les journalistes passent leur temps à faire du fact-checking. Pour essayer de l'obliger à rendre des comptes, nous ne pouvons plus faire d'erreurs. Ça a rendu la presse américaine meilleure".

"L'électorat de Trump a été servi". "On a tendance à rigoler, à exagérer l'effet Trump, à lui prêter beaucoup d'attention, mais la vérité c'est que l'électorat de Trump a été servi. Il a obtenu précisément ce pour quoi il avait voté, c'est-à-dire le chaos", déplore la journaliste de CNN. Sur TMC mercredi soir, Martin Weill va animer une émission spéciale consacrée au premier anniversaire de l'élection de Donald Trump, pendant laquelle il s'est attaché à aller à la rencontre de l'électorat du président américain, notamment celui composé de suprématistes blancs. "Si Donald Trump se comporte comme ça, s'il a dragué cet électorat-là, c'est parce qu'il existe. Cette parole s'est libérée aux Etats-Unis", constate-t-il. C'est bien cela que veut comprendre et expliquer la presse aujourd'hui.

>> Retrouvez l'interview intégrale de Martin Weill et Melissa Bell :