Journal de 13 heures sur TF1 : "C'est presque une mission de service public", assure Jacques Legros

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Edité par Mathilde Durand
Joker de Jean-Pierre Pernaut pour le mythique journal de 13 heures de TF1, Jacques Legros défend une vision citoyenne et décentralisée de l'information. Un grand rendez-vous médiatique qui séduit chaque jour des millions de Français. "C'est presque une mission de service public", assure le présentateur. 
INTERVIEW

Depuis 21 ans, il assure le rôle de doublure de Jean-Pierre Pernaut pour le journal de 13 heures de TF1. Jacques Legros, joker de ce grand rendez-vous de la mi-journée revient sur cette institution, très appréciée des Français au micro d’Europe 1. Un homme aux milles vies, qui assume totalement son rôle de remplaçant. "C’est un choix, si j’avais été plus arriviste j’aurais essayé de débarquer mon ami Jean-Pierre mais ce n’est pas le cas. Cela me convient bien, j’ai beaucoup de curiosité, cela me laisse un peu de temps pour l’assouvir."

"Ne parler que de ça c’est se priver des deux-tiers de la France"

Natif du bassin minier du Nord de la France, Jacques Legros défend son image de provincial. "J’habite à Paris, mais j’accepte d’être revenu très difficilement et très provisoirement", plaisante-t-il. A la rencontre des territoires, il souligne le manque de représentation parfois  d’une certaine frange de la population, notamment pendan tle mouvement de grève contre les retraites. "Quand vous allez à Besançon, à Bar-le-duc, la grève on ne connait pas vraiment, on vit normalement sauf quand on a un train à prendre. Il y a du parisianisme, et c’est normal car beaucoup de monde vit dans la capitale. Mais ne parler que de ça c’est se priver des deux-tiers de la France", affirme le présentateur. 

Depuis des années, le journal de 13 heures se veut l’écho de ces territoires oubliés. "Tous les lundis, nos équipes préparent un sujet SOS Village : on retrouve un commerce, une activité qui redonne vie à une commune ou l’empêche de mourir", raconte Jacques Legros. "C’est presque une mission de service public." Quant aux critiques sur une vision trop centrée sur le terroir, sans prise en compte des problématiques plus larges, le présentateur répond sans mâcher ses mots. "C’est la caricature de Libération, du Monde et de Télérama, parisiens, qui ont leur vision du monde et qui n’est pas la mienne."

"Je suis resté citoyen avant d'être journaliste"

Un rendez-vous avec l’information qui attire presque 6 millions téléspectateurs quotidiennement. Mais pas de pression du chiffre pour le présentateur joker. "Mon objectif est de continuer ce journal, qui reste un des premiers en Europe et garder ce lien avec les téléspectateurs, qui est unique. Sinon on n’aurait pas tenu aussi longtemps, il doit y avoir un truc", sourit-il.  

Une résistance face aux chaînes d’information en continu ? "Je ne suis pas né avec, mais j’ai participé à deux belles aventures : la création de France Info et de LCI. Cela nous a beaucoup fait réfléchir." Le présentateur a eu plusieurs vies avant les médias. Une des raisons de sa simplicité et de son recul, selon lui. "Je suis resté citoyen avant d’être journaliste", affirme-t-il. "J’ai toujours eu ce recul en me disant : cette information-là mérite-t-elle d’être donnée ? Est-ce qu’elle apporte quelque chose aux gens ?"

Face à la défiance entre les Français et les journalistes, Jacques Legros appelle à la prudence. "On est dans une société qui a remplacé le temps par l’immédiateté, la réflexion par la parole, le recul et la sagesse n’existent plus. Le fait d’avoir l’âge qu’on a et l’expérience aident beaucoup", confie-t-il. "On reste dans la même logique pour le journal : soyons prudent, faisons attention, ne traînons pas des gens dans la boue sans peser pour et le contre. On n’est pas obligé d’aller trop vite."