Selon une enquête, 40% des Français prennent en photo leur plat au restaurant avant même de le goûter 14:46
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Lucie de Perthuis , modifié à
Selon une étude, 40% des Français prendraient leur plat en photo au restaurant avant même de l'avoir goûté. Avec l'omniprésence des réseaux sociaux, l'esthétique et la photogénie des plats deviennent de plus en plus importante dans le monde de la restauration. Pour en parler, Philippe Vandel recevait mercredi la cheffe Mélissa Ravel et la responsable de la rubrique cuisine du Journal des femmes, Emilie Lesur.

Partager les photos de son plat, à la maison ou au restaurant, est devenu une pratique de plus en plus courante, notamment sur Instagram. Plus de 218 millions de photos ont par exemple été publiées avec le hashtag "Foodporn" sur ce réseau social. Invitées mercredi de Philippe Vandel, la cheffe du restaurant du Courtyard à Paris, Mélissa Ravel, et la cheffe de la rubrique cuisine du média en ligne Le Journal des femmes dévoilent leur rapport à la cuisine sur les réseaux sociaux, et nous en disent plus sur la place qu'ils occupent dans la communication des restaurants

Recrutée grâce à son compte Instagram

Selon une étude Opinion way publiée en 2019, 40% des Français prendraient leur plat en photo au restaurant avant même de l'avoir goûté. Certains restaurants composeraient même leur carte en fonction de leur photogénie. Pour les cheffes comme pour les critiques culinaires, les réseaux sociaux sont devenus un moyen incontournable de communication. "Pour moi, Instagram est une belle vitrine, qui donnent envie aux gens de venir au restaurant", explique Mélissa Ravel, cheffe du restaurant du Courtyard, qui affirme même avoir été recrutée grâce à son compte Instagram. 

"Le goût reste essentiel"

Pour Emilie Lesur, journaliste culinaire au Journal des femmes, les réseaux sociaux représentent "la meilleure façon de montrer ses goûts, son identité culinaire". Sur son compte Instagram, Emilie Lesur partage avec ses abonnés des photos des plats qu'elle apprécie dans les restaurants. Mais elle utilise aussi le réseau social pour dénicher des bonnes adresses. "Pour choisir un brunch le dimanche, je vais aller regarder le hashtag 'BrunchàParis'. Je choisis d'abord grâce aux photos, ensuite je regarde les avis car le goût reste essentiel", confie Emilie Lesur. 

"Je construis mes assiettes comme des tableaux"

Mélissa Ravel a bien intégré l'importance des réseaux sociaux pour son parcours professionnel. Sur son compte Instagram, elle partage des photos des plats qu'elle dresse au Courtyard, mais aussi des vidéos où elle cuisine, pour montrer aux internautes les coulisses du restaurant. Elle raconte même s'inspirer de l'art contemporain pour imaginer le dressage de ses plats. "Je me rends souvent au Centre George Pompidou à Paris, et je m'inspire d'artistes comme Paul Klee, Kandinsky ou encore Jackson Pollock", confie la jeune femme. "Je construis mes assiettes comme des tableaux. Je les regarde d'en haut, comme une oeuvre" poursuit-elle. 

"La cuisine c'est un art complet, aussi bien dans le goût mais aussi le visuel. Si on a le visuel mais pas le goût, il n'y a aucun intérêt dans le plat", précise Mélissa Ravel. 

"On pense le restaurant pour inciter à prendre des photos"

Il existe même des restaurants qui ne cuisinent qu'un ingrédient, à la mode. C'est le cas de l'avocat par exemple. Un produit vert, photogénique. "Aujourd'hui, on pense le restaurant pour inciter à prendre des photos", explique la cheffe Mélissa Ravel, qui publie aussi beaucoup de photos de poulpes sur son compte. "Visuellement, c'est très joli. Une belle tentacule bien travaillée, ça peut valoir son pesant d'or", plaisante la jeune femme.