Altice en proie à «l’effet Streisand» : ces informations que Patrick Drahi voulait cacher

  • Copié
Louise Bernard, avec Solène Delinger
Le groupe Altice, détenu par Patrick Drahi, est en proie à "l'effet Streisand". Le milliardaire souhaitait cacher des informations mais cela a produit l'effet inverse. Altice a en effet poursuivi en justice le site d'information "Reflets" pour avoir publié des articles basés sur des documents volés. Résultat : les révélations de ces articles ont bénéficié d'un coup de projecteur...

L’effet Streisand est quand on veut empêcher une information de sortir, qu’on préfère la garder secrète mais que cela produit l’effet inverse : l’information touche finalement beaucoup plus de monde que si elle avait été simplement publiée, sans tenter de la cacher. C’est ce qui arrive à Altice, le groupe de Patrick Drahi.

Des articles dévoilant le train de vie du milliardaire

Il a poursuivi en justice le site d’information Reflets pour avoir publié des articles basés sur des documents volés. Non pas par les journalistes, mais par des pirates informatiques qui les avaient mis en ligne à la disposition de tous. Ces articles dévoilaient notamment le train de vie du milliardaire. Altice a voulu les faire supprimer et empêcher que les journalistes n’en publient d’autres à partir des données piratées.  

La justice n’a pas demandé de supprimer les articles déjà publiés mais a décidé d’interdire la publication de futurs articles. Une décision décriée par de nombreux médias, journalistes et syndicats.  Résultat : les révélations des articles ont bénéficié d’un coup de projecteur. En un mois, le compte Twitter de Reflets aurait touché au total trois millions de personnes, principalement sur les contenus qui parlaient d’Altice.

Reflets a gagné en visibilité grâce à cette affaire

D’habitude, c’est dix fois moins. En un mois, environ 300.000 personnes lisent les tweets du compte de Reflets. Et cela a aussi permis au site d’information d’augmenter son nombre d’abonnés, entre 400 et 500 supplémentaires. 

Et l’affaire figure désormais sur le compte Wikipédia d’Altice. Cela peut s’avérer totalement contreproductif d'empêcher des journalistes de publier certaines informations Cela concerne les articles déjà publiés mais, depuis la décision de justice, Reflets ne peut plus publier d'articles sur Altice, basés sur les données piratées. Le site d’information a décidé de le faire quand même. Il en a publié depuis la décision de justice et va continuer. 

"On pense que ces articles ont un intérêt pour le public. Cela pose des questions sociétales : quel est le rôle de ces méga groupes ? Comment se construisent-ils ? Quelles décisions politiques ont permis au fil des ans que des mastodontes de ce genre prennent forme ? On est assez confiant. On pense qu'on va gagner en appel... Ce problème aurait dû être réglé devant une chambre spécialisée du droit de la presse. C'est le droit de la presse qui devait s'appliquer et non pas une procédure devant le tribunal de commerce", explique le rédacteur en chef de Reflets, Antoine Champagne, au micro de Culture Médias sur Europe 1.

La procédure en appel aura lieu le 23 novembre prochain.