Le Monde revient sur l'affaire Gabrielle Russier dans une série d'été

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Mathilde Durand
Nouvelle série d'été du journal "Le Monde", "L’affaire Gabrielle Russier, l’amour hors-la-loi" revient sur l'histoire d'amour interdite entre une professeure de français de 32 ans et l'un de ses élèves, âgé de 17 ans. Emprisonnée, condamnée avec sévérité par la justice, la trentenaire finira par se suicider. Un fait divers devenu affaire, raconté par Pascale Robert-Diard. 
INTERVIEW

Un amour interdit qui s'est terminé en drame. Pour une de ses séries de l'été, Le Monde revient en six épisodes sur l'affaire Gabrielle Russier, professeure de français dans les quartiers Nord de Marseille, âgée d'une trentaine d'années et condamnée pour son histoire d'amour avec l'un de ses élèves, Christian, âgé de 17 ans à l'époque. Emprisonnée à plusieurs reprises, la jeune femme finira par se suicider le 1er septembre 1969. Co-écrite par Joseph Beauregard et Pascale Robert-Diard, spécialiste judiciaire depuis 2002, l'enquête "L’affaire Gabrielle Russier, l’amour hors la loi" retrace le parcours de ce fait-divers devenu une affaire emblématique.  

Une affaire symptomatique de l'époque

"Gabrielle Russier va être à la fois celle qui va vivre l’époque et celle que l’époque va totalement engloutir et étouffer", analyse la journaliste sur Europe 1. "Elle a 30 ans, c’est tard. Elle a été mariée, elle est divorcée, mère de jumeaux. Elle a vécu la génération d’avant et tout à coup arrive cette explosion de liberté [mai 1968, ndlr], la chape de plomb que fait peser le gaullisme sur la société va exploser et elle va vivre ça, mais elle n’a pas 18 ans, elle n’a pas l’âge de la folie." Gabrielle Russier est incarcérée à plusieurs reprises, en décembre 1968 puis au printemps 1969. Mais c'est après l'issue tragique de ce fait-divers, son suicide, que l'affaire suscite l'emballement médiatique. 

Les articles sont enrichis de photographies et de témoignages, fruits d'un long travail de recherche de Joseph Beauregard, et longuement étudiés durant la période du confinement. Grâce à la confiance mutuelle gagnée, les anciens élèves de la classe de Gabrielle Russier ont accepté de se livrer sur les événements de l'époque. "Comme dans tous les faits-divers qui ont défrayés la chronique, les témoins sont des brûlés", confie Pascale Robert-Diard. "Ils ont vécu quelque chose de très violents. Ils ont vécu 1968, ils entrent dans la vie, leur professeur se suicide et une fois qu’elle s’est suicidée, cela devient une affaire." 

"Elle n'est pas poursuivie pour aimer"

Lors de son procès en juillet 1969, Gabrielle Russier est condamnée à 12 mois de prison, donc bénéficiaire de la loi d'amnistie pour les peines inférieures à un an d'emprisonnement. Particulièrement sévère, le procureur de la République fait appel et demande une peine plus lourde. "Elle n’est pas poursuivie pour avoir une histoire avec un jeune homme, car il a plus de 15 ans. Ce n’est pas pénalement répréhensible", rappelle la journaliste. "Elle est poursuivie pour enlèvement et détournement de mineur, qui est l’idée qu’elle l’a enlevé à ses parents puisque Christian Rossi ne va plus dormir chez ses parents, et qu’elle le détourne de la scolarité... Elle n’est pas poursuivie pour aimer."

Disponible pour les abonnés du Monde, cette enquête devrait être publiée d'ici le mois de janvier aux éditions de l'Iconoclaste. "Elle est à la fois très connue cette histoire par les gens qui ont plus de 50-60 ans mais ne l’était pas du tout par les plus jeunes qui ont découvert ça", se réjouit Pascale Robert-Diard.