Convoquée mercredi par la DGSI dans le cadre d'une enquête pour "révélation de l'identité d'un membre des forces spéciales", la journaliste du Monde Ariane Chemin a fait valoir la protection des sources et contesté toute "faute". Dans le cadre d'une audition libre, Ariane Chemin a été entendue par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pendant environ trois-quarts d'heure, en présence de son avocat.
"Je leur ai expliqué que je n'avais fait que mon travail de journaliste et j'ai fait valoir l'article 2 de la loi de 1881", qui dispose que "le secret des sources des journalistes est protégé dans l'exercice de leur mission d'information du public", a-t-elle dit à l'AFP. "Ils m'ont posé beaucoup de questions sur la manière dont j'avais vérifié mes informations, façon indirecte de m'interroger sur mes sources", a-t-elle regretté.
Des informations "d'intérêt public"
Entre le protocole d'audition et les questions, "tout est fait pour vous convaincre que vous avez commis une faute lourde, ce que nous contestons formellement", a poursuivi la grand reporter, convoquée pour des articles sur les affaires d'Alexandre Benalla - affaire qu'elle a révélée -, et notamment "sur le profil d'un sous-officier de l'armée de l'air, Chokri Wakrim, compagnon de l'ex-cheffe de la sécurité de Matignon". Dans un communiqué diffusé sur Twitter, la société des rédacteurs du Monde s'est dite "solidaire de sa consœur Ariane Chemin (...) Elle a porté à la connaissance des citoyens des informations d'intérêt public, ne faisant ainsi que son travail".
La société des rédacteurs du Monde est solidaire de sa consœur @ArianeChemin, convoquée ce matin devant la DGSI pour des articles écrits sur l’affaire Benalla. Elle a porté à la connaissance des citoyens des informations d’intérêt public, ne faisant ainsi que son travail.
— SRM_LeMonde (@SRM_LeMonde) 29 mai 2019
Le SNJ-CGT avait de son côté appelé à un rassemblement devant le siège de la DGSI mercredi en soutien "à tous les journalistes convoqués par l'Etat français, en violation de la loi sur la liberté de la presse et pour la liberté d'informer". Le président du directoire du journal Le Monde Louis Dreyfus a également été entendu par la DGSI mercredi matin. Ces convocations interviennent après celles de sept autres journalistes du site Disclose, de Radio France et de l'émission Quotidien de TMC, ayant pour point commun d'avoir enquêté sur l'utilisation d'armes françaises au Yémen. Elles ont soulevé une vague de protestations de journalistes et de personnalités politiques, qui y voient une atteinte au droit d'informer.