Pub sur France Télé : arrêt à la mi-temps ?

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Aurélie Frex (avec AFP) , modifié à
La suppression totale de la publicité sur France Télé est remise en cause faute de financement.

Le projet de suppression totale de la publicité sur les chaînes du service public, cher à Nicolas Sarkozy, pourrait bien s’arrêter à mi-chemin. Si la publicité a disparu sur France Télévisions après 20 heures depuis janvier 2009, sa suppression totale, prévue en 2011, pourrait ne pas se faire faute de financement.

Mercredi, Jean-François Copé, président de la commission chargée de réfléchir à l’avenir de la télévision publique sans publicité, a annoncé lors d’une réunion de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale qu’il mettait "en débat l’idée de ne pas supprimer la publicité le jour". Un groupe de travail sur ce sujet sera d’ailleurs constitué "dans les semaines qui viennent".

Il a indiqué mercredi sur Europe 1 que la suppression de la publicité le soir a "déjà eu des conséquences positives sur les programmes", et que le coût serait "trop élevé par rapport à la satisfaction" du public.

La commission s’en mêle

Un problème de coût d’autant plus important que la Commission Européenne s’apprêterait à remettre en cause la principale source de financement de cette suppression. Elle a lancé une procédure contre la taxe Télécoms, destinée à compenser la perte de recettes publicitaires, au motif qu’elle ne serait pas compatible avec les règles européennes.

Si cette taxe ne pouvait pas être mise en place, seule une hausse de la redevance pourrait financer la suppression de la publicité sur le service public. Frédéric Mitterrand a déclaré la semaine dernière que ce scénario n’est "pas impossible", mais d’autres hommes politiques, dont Copé, y sont opposés. Le député PS Patrick Bloche a notamment déclaré mercredi : "Il y a 400 millions d'euros en jeu. Ca n'est pas rien, compte tenu des déficits abyssaux de l'Etat".

Par ailleurs, la suppression de la publicité sur le service public n’a pas eu l’effet d’aubaine escompté sur les chaînes privées. M6 et TF1, présents lors du débat, se sont plaints de ce point, même si Benoît Louvet, directeur de TF1 publicité, a souligné qu’il serait "dommage de s'arrêter au milieu du gué" car "il serait compliqué de gérer une telle instabilité" réglementaire.

Duhamel contre la suppression totale

Lors de cette réunion, Patrice Duhamel, directeur des programmes de France Télévisions, a déclaré que l’absence de publicité a "encouragé" le groupe à prendre des risques, mais qu’"il n'y a aucun enjeu éditorial à supprimer la publicité avant 20 heures".

L’arrêt à mi-chemin de la réforme serait un sérieux revers pour Alain Minc, qui avait conseillé la réforme au Président. On ne sait pas quelle serait la conséquence pour Stéphane Courbit, en négociation exclusive pour le rachat de la régie publicitaire de France Télévisions (FTP). Le président de Lov Group, qui était auditionné mercredi, a tenu à rappeler qu’"il n y a pas de conflit d’intérêt" dans cette vente. Certains politiques considèrent pourtant que la vente doit être suspendue car la valeur de la FTP pourrait augmenter.

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