Pierre Bergé and Co à la tête du Monde

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Aurélie Frex (avec agences) , modifié à
Le Conseil de surveillance du Monde a voté pour une reprise du groupe par Bergé, Niel et Pigasse.

C’est désormais officiel : Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse reprennent le quotidien Le Monde. Après le plébiscite de la société des rédacteurs du Monde, le trio a obtenu un vote favorable du Conseil de surveillance du groupe lundi. Il s’est exprimé à 11 voix sur 20 en faveur de leur projet, soit le minimum requis. Les repreneurs doivent d’ores et déjà avancer 10 millions d’euros pour pallier aux difficultés de trésorerie du groupe de presse.

Seuls en lice

Le président du Sidaction et ancien patron de la maison Yves Saint Laurent, Pierre Bergé, le banquier du groupe franco-américain Lazard Matthieu et propriétaire des Inrockuptibles Matthieu Pigasse, et le fondateur de l’opérateur télécoms Free Xavier Niel étaient seuls en lice. Lundi matin, Le patron du Nouvel Observateur, Claude Perdriel, associé à Orange et à l’espagnol Prisa, avait annoncé son retrait de la course à la reprise du quotidien français.

Le trio n’avait pas voulu aller à l’encontre du vote de la Société des rédacteurs du Monde, actionnaire de référence du groupe, qui avait voté à 90,84% en faveur de la proposition de Niel, Pigasse et Bergé. Claude Perdriel et ses associés avaient de leur côté obtenu le soutien d’actionnaires internes représentant 8,7% du capital du groupe.

Pas de suppression de poste

Les repreneurs du Monde prévoient d’injecter plus de 110 millions d’euros dans le groupe, et n’envisagent pas de suppression de poste. Du côté des rédactions, le trio prévoit une fusion des équipes Web et papier. "Nous considérons Le Monde comme un bien commun. Cette conviction est au cœur de notre démarche. Nous nous engageons à ce que ce projet soit mené en toute indépendance", écrivent les trois hommes dans un communiqué. "Nous sommes convaincus que seule une politique ambitieuse de renforcement de l'offre éditoriale et d'investissement dans l'activité numérique est de nature à conforter l'avenir du Groupe", ajoutent-ils.

Un groupe en crise

Le groupe Le Monde, formé en 2003, est lourdement endetté. Il a enregistré une perte nette de 25,2 millions d’euros en 2009, pour un chiffre d’affaires de 397 millions d’euros. Le groupe rassemble le quotidien du soir, le pôle interactif (LeMonde.fr, LePost.fr), un pôle presse magazine et une imprimerie. Il emploie plus de 1.000 salariés, dont 280 journalistes pour le quotidien.

Un tour politique

La reprise du Monde avait pris un tour politique début juin, quand le directeur du Monde, Eric Fottorino, avait été invité à l’Elysée par Nicolas Sarkozy. Le Président de la république lui avait alors fait savoir que l’offre Bergé-Niel-Pigasse n’avait pas ses faveurs. Une intervention présidentielle qui avait fait polémique.