La révolution en chantant

Le chanteur égyptien Deeb, fer de lance de la lutte contre Moubarak
Le chanteur égyptien Deeb, fer de lance de la lutte contre Moubarak © DR
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Christophe Israël , modifié à
Le documentaire "Les chants de la liberté" décrypte la bande-son du printemps arabe, mercredi soir, sur France Ô.

Indignés de tous les pays, chantez ensemble ! El Général (Tunisie), Deeb et Arabian Knightz (Egypte), Katibe 5 et Malikh (Liban), Omar Crow (Syrie)…Les musiciens ont été de toutes les révoltes du monde arabe. Inconnus de notre côté de la Méditerranée, le documentaire "Les chants de la liberté" nous fait découvrir ceux qui ont participé, en musique, à l’écriture des révolutions qui ont secoué le Maghreb et le Moyen-Orient depuis presque un an et demi.

C’est pour filmer l’engagement de ces jeunes artistes contre l’autoritarisme et l’intégrisme qui les oppriment que Jean-Michel Vecchiet et Catherine Cattaruzza ont, dès décembre 2010 et bien avant l'engouement médiatique général, planté leurs caméras dans leur sillage. Dynamique, servi par un montage urgent et presque clippé, le film dresse une saisissante galerie de portraits. Avec, de la place Tahrir aux camps palestiniens du Liban, des rues tunisiennes à l’anonyme chambre d’une maison syrienne, un même message et une même urgence : faire changer la société.

« Faire du rap est un travail politique »

Les rappeurs du collectif Arabian Knightz sont de ceux-là. Et s'ils n'ont évidemment pas attendu le soulèvement du printemps dernier pour écrire des textes engagés, ils concèdent qu’ils peuvent désormais le faire désormais de manière plus frontale : « Nous pensons qu'avec la musique nous pouvons être plus efficaces que la politique ». Une conviction partagée par Deeb : « Plutôt que de regarder la télé, les gens écoutent nos chansons, ils savent quelle cause épouse la musique ».

Leurs morceaux revendiquent majoritairement la filiation du rap et du hip-hop (nés aux Etats-Unis), mais leurs auteurs invoquent tout aussi naturellement l’héritage de la poésie arabe pré-islamique.  Le résultat: une musique souvent rageuse, mais un message fédérateur qui fait mouche. De la diversité des styles musicaux émergent une véritable unité, celle de la rage conjuguée des luttes pour davantage de libertés, au premier rang desquelles la liberté d’expression.

Si leurs mots prônent la révolte, l’accompagnent, la portent, tous considèrent leur musique comme vecteur d’une véritable unité populaire. Le Syrien Omar Crow l'explique via Skype, face caméra : « Les jeunes écoutent davantage la musique que les policiers. C'est la meilleure manière de parler d'unité aux jeunes. »

Les chants de la liberté, de Jean-Michel Vecchiet et Catherine Cattaruzza (52’). Diffusion mercredi 15 février à 22h55 sur France Ô. Rediffusion mardi 28/02 à 8h50.