"Aucun changement" à la Cité du mâle

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Aurélie Frex , modifié à
Le producteur du documentaire annonce qu'il sera diffusé mercredi "avec les mêmes images".

Mercredi est diffusé le documentaire la Cité du mâle. Déprogrammé le 31 août dernier pour "menaces", il sera soumis aux téléspectateurs en l’état. "Il y a quelques floutages, quelques bips, et quelques actualisations d’un film qui devait être diffusé il y a un mois, c'est normal (...) Je m’engage, je vous le dis, c’est le même montage d'images du début jusqu’à la fin, il n y a pas une image qui ait été changée dans ce reportage", a assuré à Europe1.fr Daniel Leconte, patron de Doc en stock, qui produit le film.

"Une censure"

La déprogrammation du reportage, qui s‘inscrit dans une soirée thématique "Femmes, pourquoi tant de haine ?", était intervenue au dernier moment, le 31 août. Nabila Laïb, une journaliste qui avait collaboré au sujet, s’était rendue à la rédaction de Doc en Stock dans l'après-midi, et avait fait part de "menaces" contre ses proches et contre
elle-même. La chaîne, elle aussi avertie des menaces, avait procédé à une déprogrammation en dernière minute, un fait rarissime.

Depuis, Nabila Laïb était revenue sur sa version, et avait déclaré à la presse que sa volonté de déprogrammation était davantage liée à un désaccord éditorial avec Cathy Sanchez, la réalisatrice du documentaire, qu’à des menaces.

"Nous avons pris au sérieux ce qu’elle est venue nous dire. On a sursoit à la programmation d’une émission, cela revient à censurer le téléspectateur d’un programme sensible. A mes yeux, c’est une censure", a déclaré sur ce point Daniel Leconte.

La journaliste avait annoncé à la presse qu'elle engagerait des poursuites, mais aucun référé n’est parvenu, ni à la production, ni à la chaîne :"nous avons eu l’impression d’être roulés dans la farine (...) On n’a reçu aucun référé et Arte non plus (...) Ca n’est jamais arrivé, ce qui d’ailleurs en dit long sur la crédibilité de cette personne, qui alimente la machine à calomnies de versions diverses et variées", a lancé Daniel Leconte.

"Un apartheid de l'information"

Pour Daniel Leconte, tenter d’empêcher la diffusion de ce sujet, un documentaire de 50 minutes qui donne un "coup de projecteur sur les agressions machistes dans les cités", comme l'a présenté la chaîne, est comme un "apartheid de l'information".

Ecoutez-le :

"Ce ne sont pas des sujets faciles, dès qu’on essaie de sortir une certaine réalité sur ce qui se passe dans les cités, à chaque fois soit on est traîné dans la boue, soit on dit que les reportages sont manipulés (...) C’est un document absolument exceptionnel, ayant fait ce boulot, on se dit qu’on va être la caisse de résonance de ces femmes-là. A un moment donné, vous avez fait ce boulot, et au bout d’un moment vous vous retrouvez obligé de vous justifier d’avoir fait cela, c’est insensé".

"C’est quand une vérité est dérangeante qu’elle est intéressante journalistiquement, je pense que ça n’est pas une bonne chose pour la démocratie, c'est complètement délirant", a-t-il ajouté.

Diffusée mercredi à 21H35, la Cité du mâle sera suivie d'un autre documentaire, Quand le rap dérape! - réalisé par Barbara Necek et également co-produit par Arte et Doc en Stock -, puis d'un débat animé par Daniel Leconte.