L'esprit de Coluche est "encore vivant aujourd'hui", assure Eric Fottorino

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Séverine Mermilliod , modifié à
Quarante ans après la vraie-fausse candidature présidentielle de Coluche, le magazine "Légende", cofondé par Eric Fottorino, fait son dernier numéro sur ce personnage qui a marqué la France, en partenariat avec Europe 1. Sur notre antenne, l'ancien directeur du Monde a expliqué pourquoi "l'esprit Coluche" était toujours d'actualité.
INTERVIEW

Avant de se retirer en mars 1981, Coluche avait mené une vraie/fausse campagne présidentielle, de la blague au sérieux. Quarante ans plus tard, le magazine Légende, cofondé par Eric Fottorino, sort, en partenariat avec Europe 1, un troisième numéro consacré à ce personnage qui a marqué la France. L'ancien directeur du Monde, j​journaliste et écrivain français, a confié sur notre antenne pourquoi selon lui Coluche était toujours d'actualité.

Toujours d'actualité

"Je voulais, au-delà du calendrier puisque effectivement, ça fait tout juste 40 ans qu'il a lancé cette vraie/fausse campagne présidentielle qui avait beaucoup ébranlé le monde politique, montrer l'actualité de Coluche", explique Eric Fottorino. Coluche est mort à 42 ans en 1986, "mais beaucoup de lui est vivant encore aujourd'hui", ajoute-t-il. "Que ce soit sur le plan politique, sur le plan sociétal, à travers à la fois cet humour corrosif et cette générosité. Tout le monde connaît les Restos du cœur, dont il aurait aimé qu'ils s'arrêtent depuis longtemps. Je pense qu'il y avait comme ça au moins deux très bonnes occasions de reparler de Coluche".

Ce nouveau numéro de Légende comporte témoignages (Romain Coluche, Gérard Depardieu, Josiane Balasko, Maryse Gildas…) et anecdotes, notamment autour de la campagne présidentielle, avec un témoignage de Jacques Attali qui révèle une partie des coulisses de cette aventure peu commune.

Anecdotes sur la candidature de 1981

"On a souvent dit et écrit que finalement, si cette campagne de Coluche avait avorté, c'est qu'il avait été intimidé ou dissuadé par des émissaires de la gauche, et en particulier par Jacques Attali. Et Attali dit le contraire", dévoile Eric Fottorino. "Il dit qu'effectivement, Coluche voulait le rencontrer. Ils se rencontrent à un dîner chez France Gall et Michel Berger à l'époque, et Coluche souhaite le revoir en tête à tête le lendemain. Il lui dit 'Mais tu sais, moi, je ne veux pas être candidat. Je n'ai pas de signature de maires et je n'en cherche pas. Ce que je veux, c'est faire battre Giscard. Et donc, en fait, ce que comprend Attali, c'est que ça fait partie du spectacle. Tous les soirs au gymnase, il fait les dix dernières minutes en se déguisant en président. Ça fait partie du spectacle et non pas d'une stratégie politique à laquelle Coluche aurait cru, même si, à un moment donné, il est crédité de près de 16% non pas d'intentions de vote, mais de sympathie pour ce qu'il représente."

Et en 1981, voici comment Coluche lui-même analysait la situation : "Moi, je suis là pour faire marrer. Il se trouve que je fais peur, surtout aux hommes politiques. Je suis ravi parce qu'évidemment, je mets la merde, ça ne m'ennuie jamais. Et puis, je crois que c'est utile. Il y a une fonction dans l'Etat, qui est celui qui est contre l'État".

Le magazine Légende, qui sort son troisième numéro, est le dernier né des titres papier cofondés par Eric Fottorino, après l'hebdomadaire Le 1 et les trimestriels America et Zadig. Il s'intéresse à une personnalité, une figure vivante ou non, qui reste très actuelle et "raconte l'époque". Photos, archives, témoignages ... Ce nouveau numéro comporte par exemple des lettres signée de la main de Coluche.