Violences à Washington : "une forme de fascisme" chez certains pro-Trump

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Romain David

Invité jeudi d'Europe 1, le journaliste François Clemenceau, spécialiste des questions internationales et plus particulièrement des Etats-Unis, a estimé que les scènes de violence qui ont éclaté mercredi soir à Washington trahissent la tentation fascisante qui existe chez une partie de l'électorat pro-Trump.

Les scènes de chaos qui se sont jouées mercredi soir à Washington ont fait le tour du monde. Des partisans du président Donald Trump ont envahi le Capitole, refusant de reconnaître la victoire de son opposant démocrate Joe Biden à l'élection présidentielle de novembre, victoire que les membres du Congrès étaient justement en train de ratifier. "Cette situation traduit une capacité de certains à vouloir s'imposer par la force au-delà des institutions démocratiques, ça n'a pas d'autre mot qu'une forme de fascisme", a commenté jeudi au micro d'Europe Midi sur Europe 1, François Clemenceau, le rédacteur en chef international du Journal du Dimanche et ancien correspondant d’Europe 1 aux Etats-Unis.

Une tentative non assumée de "coup d'Etat"

Également invitée d'Europe Midi, l'historienne Nicole Bacharan, spécialiste des Etats-Unis, évoque elle aussi cette "tentation fascisante", attisée selon elle par les déclarations de Donald Trump. "Ce qui s'est passé hier à Washington est une tentative de coup d'Etat de la part d'un président sortant... incapable d'organiser un coup d'Etat", dénonce-t-elle. "Il a appelé pendant plus d'une heure, avec une extrême véhémence, ses partisans à marcher sur le Capitole, répétant que l'on avait volé son élection. Et lorsque les gens sont rentrés dans le Capitole, on a senti qu'à la Maison-Blanche Donald Trump ne savait plus que faire", pointe-t-elle.

Vers un nouveau Tea Party ?

Une démonstration de force qui a mis le milliardaire républicain dans l'embarras, mais dont seule une infime partie de ses soutiens ont été les acteurs. "Les centaines de personnes rentrées dans le capitole hier soir ne sont pas non plus les dizaines de milliers restées dehors [venues manifester dans les rues de la capitale fédérale leur soutien au président sortant, ndlr]", tient à préciser François Clemenceau. "Il y a donc une différence à faire entre les supporters de Trump désespérés de voir la victoire leur échapper [...], et ceux qui ne peuvent s'y résoudre et qui sont prêts à passer à l'action, mais pas forcément d'une manière structurée".

Toujours selon François Clémenceau, cet électorat radicalisé pourrait servir de terreau à une nouvelle offre politique très à droite, "pour qui la démocratie n'est pas tout" dans un pays dont l'histoire politique reste très largement structurée par le bi-partisme. Mais encore faudrait-il que ces militants parviennent à se structurer. Il cite comme exemple le déclin du Tea Party, un mouvement contestataire apparu pendant les années Obama, malgré "une volonté de le coordonner pour en faire une sorte de Parti républicain bis".