Un an après les attentats de Bruxelles, Molenbeek toujours sous haute surveillance

La commune bruxelloise de Molenbeek est étroitement surveillée par les autorités belges. NICOLAS MAETERLINCK / Belga / AFP
La commune bruxelloise de Molenbeek est étroitement surveillée par les autorités belges. © NICOLAS MAETERLINCK / Belga / AFP
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Lionel Gougelot, avec TLM
Accusée d'être un foyer de radicalisation islamiste, la commune bruxelloise de Molenbeek reste étroitement surveillée par les autorités, un an après les attentats qui ont frappé la capitale belge.
L'ENQUÊTE DU 8H

Au premier abord, le décor est toujours le même : dans les rues bruxelloises de Molenbeek, en Belgique, la plupart des femmes déambulent en hijab, un voile islamique couvrant les épaules et les cheveux. Les boucheries halal ne manquent pas et le climat est plutôt serein dans cette ville accusée de tous les maux il y a un an : quelques mois après les attentats de Paris et au lendemain de ceux de Bruxelles, la commune avait été perçue comme un foyer d'islamistes. Plusieurs terroristes impliqués dans ces attaques venaient en effet de ces quartiers, à commencer par les frères Salah et Brahim Abdeslam.

Crispation de la communauté musulmane. Un an après les attentats survenus dans la capitale belge (32 morts et 340 blessés), Molenbeek reste sous haute surveillance. Le ministre belge de l'Intérieur voulait "nettoyer" la commune : 50 policiers supplémentaires y ont été affectés dans le plan de lutte contre le radicalisme. Mais la communauté musulmane s'est crispée : "J'ai été victime de certains policiers qui me prenaient ma carte d'identité et me disaient : 'Sale bougnoule, mains sur le mur'. Certains jeunes ont en marre, se révoltent et se disent que la société n'est pas faite pour eux car ils sont musulmans", analyse Oussama, membre du conseil des jeunes de la ville.

Officiellement, aucun départ n'a eu lieu récemment pour la Syrie. Un seul candidat au djihad a été intercepté avant son départ. "Mais il y a des personnes qui continuent d'embrigader les jeunes dans des discours radicaux à l'égard de la société. C'est encore difficile de dire quelle forme pourrait prendre cette radicalisation. Les seuls actes répertoriés pour l'instant concernent de la violence envers des représentants de l'autorité", note Sarah Turine, adjointe de la commune de Molenbeek à la jeunesse.

L'Arabie Saoudite dans le viseur. Dans ce contexte, les mosquées sont des lieux sensibles. Pourtant, un seul lieu de prière a été fermé… pour des raisons d'urbanisme. Les problèmes ne se sont pas évanouis pour autant et c'est désormais le financement des mosquées qui est dans le viseur. "Il y a un lien entre l'Arabie Saoudite, la Grande mosquée de Bruxelles, le radicalisme, le salafisme et, dans certains cas, le passage à l'acte avec le djihadisme. Il faut se battre contre cette volonté de mainmise sur l'Islam et la communauté musulmane de Belgique, oeuvre de l'Arabie Saoudite et son bain idéologique salafiste", cible Georges Dallemagne, membre de la commission d’enquête sur les attentats, qui devrait faire des propositions pour interdire les financements étrangers et renforcer le contrôle des mosquées.