Trump ? Les Républicains "sont très embêtés d'avoir ce bonhomme parmi eux"

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A.D , modifié à
Telle une marionnette qui a échappé à son créateur, Trump a échappé aux Républicains. Leah Pisar, politologue, était invitée sur Europe 1 samedi matin pour évaluer les chances du candidat.
INTERVIEW

Donald Trump pourrait-il tromper son monde jusqu'à la Maison-Blanche ? "Le phénomène est totalement inédit" en tout cas pour la politologue et ancienne conseillère de Bill Clinton, Leah Pisar, invitée samedi dans C'est arrivé cette semaine. Mais force est de constater pour elle que le milliardaire "a été bon".

"Messages simples et compacts". La communication du candidat républicain a été en béton. Sur la forme, son panel est large, analyse la spécialiste : "utilisation des nouveaux médias, phrases provocatrices, messages simples et compacts comme on les aime en politique". Sur le fond, "il est assez fort parce qu'il brasse très large. Quelque chose résonne au sein d'un électorat inquiet, qui a des craintes économiques et sécuritaires et qui succombe", ajoute Leah Pisar, qui trouve néanmoins le discours de Trump un peu "facile".

Sauf coup de théâtre, ce sera lui. Reste maintenant une grande question : le parti républicain portera-t-il le trublion Trump ? "C'est un peu la panique au parti. Paul Ryan, qui est leur dirigeant au Congrès, ne veut pas exprimer son soutien à Trump. Jusqu'à ce qu'il reçoive officiellement l'investiture à Cleveland en juillet, il n'est pas encore le candidat. Sur le papier, tout mène à penser que ce sera lui "parce qu'il est en train d'accumuler le bon nombre de délégués", souligne la politologue. Celle-ci n'oublie pas, néanmoins, la possibilité d'un coup de théâtre. "Le parti est très angoissé. Je pense qu'ils mijotent quelque chose..."

"Un peu obligés de le soutenir". Quelque chose, mais quoi ? C'est là que le bât blesse car l'incertitude règne. "Certains ténors du parti ont déjà annoncé qu'ils ne voteraient pas pour Trump." Mais de là à soutenir Hillary Clinton, "il y a un pas peut-être infranchissable". Toutefois, "ils sont très embêtés d'avoir ce bonhomme parmi eux. Ils pourraient discrètement soutenir un candidat indépendant", un choix qui ruinerait les chances du parti Républicain et ferait sans doute gagner Hillary Clinton, selon la spécialiste. D'autant que si Trump reçoit l'investiture du parti, les Républicains seraient a priori "un peu obligés de le soutenir". 

Assagissement ? Il y aurait néanmoins une porte de sortie : l'assagissement du milliardaire, doublé éventuellement du choix d'un colistier plus lisse. "Tout mène à penser qu'il se recentrera. C'est ce qui se produit en général. Pendant les primaires, les candidats tirent vers les extrêmes puis se rapprochent du centre et calment leur message." Néanmoins, à quelques mois de l’échéance, la politologue mise sur Clinton pour le sérieux et l'expérience.