Trudeau dément toute intervention "partisane" pour influencer la justice

"Je n'ai jamais eu de considérations partisanes" lors de conversations avec Jody Wilson-Raybould, affirme Justin Trudeau (photo d'archives).
"Je n'ai jamais eu de considérations partisanes" lors de conversations avec Jody Wilson-Raybould, affirme Justin Trudeau (photo d'archives). © LARS HAGBERG / AFP
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avec AFP
Lors d'une conférence de presse, jeudi, le Premier ministre empêtré dans une grave crise politique a déploré une "érosion de confiance". 

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a démenti jeudi toute intervention "partisane" pour tenter d'influencer une affaire judiciaire, répondant à des accusations de son ancienne ministre de la Justice à l'origine d'une grave crise politique.

 

Une "érosion de confiance". "Je n'ai jamais eu de considérations partisanes" lors de conversations avec Jody Wilson-Raybould, a ajouté Justin Trudeau lors d'une conférence de presse, en réaffirmant que son bureau et lui-même n'avaient rien fait "d'inapproprié". L'ex-ministre de la Justice avait dit avoir subi des "pressions" pour l'inciter à intervenir auprès des procureurs afin qu'ils négocient un accord à l'amiable avec le géant du BTP SNC-Lavalin, impliqué dans un scandale de corruption avec la Libye.

Justin Trudeau, accusé d'avoir voulu épargner SNC-Lavalin pour des raisons électoralistes, a reconnu avoir rappelé à Jody Wilson-Raybould, lors d'une rencontre mi-septembre, qu'il était élu du Québec, où est situé le siège de SNC-Lavalin. "Mais ce commentaire n'était pas de nature partisane", a-t-il assuré, pointant les 9.000 emplois en jeu au Canada. Un mois jour pour jour après que cette affaire a éclaté, Justin Trudeau a regretté une "érosion de confiance" entre Jody Wilson-Raybould et son bureau, mais il assuré que l'"intégrité des institutions" avait été préservée.

Des démissions en série. Lors d'une déposition devant la commission de la Justice de la chambre des Communes, qui a ouvert une enquête, Jody Wilson-Raybould avait également estimé avoir été rétrogradée au poste de ministre des Anciens combattants en janvier parce qu'elle n'aurait pas cédé à ces pressions. Mercredi, l'ancien bras droit de Justin Trudeau, Gerald Butts, s'est porté à la rescousse du Premier ministre, en chute libre dans les sondages."Je suis convaincu que rien de ce qui s'est passé ne sortait du cadre du fonctionnement habituel du gouvernement", a plaidé Gerald Butts, longtemps principal conseiller et ami de longue date du Premier ministre.

Gerald Butts avait démissionné le 18 février pour pouvoir répondre aux accusations de Jody Wilson-Raybould, qui avait elle-même claqué la porte du gouvernement quelques jours plus tôt. Pour l'ex-bras droit du Premier ministre, les différentes discussions qu'ont eues Justin Trudeau et son entourage avec Jody Wilson-Raybould visaient non pas à faire pression sur elle mais à l'inciter à solliciter un "avis externe" dans cette affaire complexe, en raison des enjeux économiques et sociaux en cas de condamnation pénale.

La crise s'est encore aggravée lundi avec la démission de la ministre du Budget, Jane Philpott, qui a indiqué avoir "perdu confiance" dans le gouvernement libéral.