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Tensions Paris-Alger : «Inacceptable que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens», juge Bruno Retailleau

Alexandre Chauveau avec AFP - Mis à jour le . 2 min

Alors que la crise diplomatique entre Paris et Alger repart de plus belle, Emmanuel Macron a décidé mardi d'expulser douze agents consulaires algériens en réponse à une mesure similaire de l'Algérie. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a lui jugé "inacceptable que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a jugé mardi sur Cnews "inacceptable, vraiment inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens", à propos de la crise diplomatique avec l'Algérie.

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Le ministre a également estimé que la réponse de l'Élysée d'expulser "douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France", au renvoi de douze fonctionnaires français du ministère de l'Intérieur par les autorités algériennes, lui "parai(ssait) totalement appropriée".

Retailleau mis à l'index

L'Algérie avait défendu lundi soir sa décision "souveraine", faisant porter au ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau "la responsabilité entière" de ce regain de tensions. Cette figure de la droite française s'est fait le porte-voix ces derniers mois d'une ligne de fermeté face à l'Algérie, notamment en matière migratoire. "Bruno Retailleau n'a rien à voir avec cette affaire judiciaire", a assuré mardi Jean-Noël Barrot, insistant sur l'indépendance de la justice française.

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Trois hommes, dont un employé dans l'un des consulats d'Algérie en France, ont été mis en examen vendredi à Paris pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste français.

Dans cette affaire d'enlèvement qui visait l'opposant au régime algérien Amir Boukhors, influenceur surnommé Amir DZ, ces hommes sont aussi poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Ils ont été placés en détention provisoire.

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"Le dialogue" "mais pas à sens unique"

Prenant la parole mardi soir après l'Élysée, Bruno Retailleau a jugé "inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens". Malgré cette soudaine rechute, l'Élysée a estimé que "l'intérêt même de la France et de l'Algérie" était de "reprendre le dialogue", exhortant Alger à "faire preuve de responsabilité". "Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique", a nuancé Jean-Noël Barrot.

Il y a quinze jours, les deux pays liés par une histoire commune souvent douloureuse avaient décidé de tourner la page d'une crise d'une intensité rare qui les avait précipités au bord de la rupture. Elle avait démarré huit mois plus tôt lorsque M. Macron avait apporté son soutien total à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L'Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

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L'affaire Sensal, point de rupture

Les deux chefs d'État avaient alors chargé leurs ministres des Affaires étrangères de reprendre le dialogue sur tous les sujets "irritants", dont la question migratoire et l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. M. Barrot a insisté mardi sur le fait que "les procédures judiciaires n'ont rien à voir avec la relation entre deux gouvernements".

Il a enfin estimé que Boualem Sansal, condamné à de la prison en première instance en Algérie, n'avait "pas à faire les frais de problèmes" diplomatiques. "Et j'ose croire, étant donné son état de santé et sa situation, à un geste d'humanité de la part des autorités algériennes."

Selon l'historien Pierre Vermeren, professeur à l'université Sorbonne à Paris, "la crise prouve qu'à l'intérieur de l'armée, de l'état-major" algériens, "il y a une partie des généraux ou des colonels qui veulent rompre avec la France, qui ne veulent pas se réconcilier, qui veulent saboter le travail de reprise des relations normales", a-t-il dit à l'AFP.