Syrie : l'ONU accuse la Russie d'un possible crime de guerre

Atareb
L'attaque visant un marché à Atareb le 13 novembre avait fait au moins 84 morts. © ZEIN AL RIFAI / AFP
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avec AFP , modifié à
Les raids aériens menés par la Russie sur un marché syrien en novembre dernier peuvent constituer un crime de guerre selon une commission de l'ONU. 

Une commission de l'ONU a affirmé mardi que les raids aériens russes menés fin 2017 sur un marché d'une localité rebelle en Syrie, faisant au moins 84 morts, pouvaient constituer un crime de guerre. Les forces armées russes ont déjà été mentionnées dans le passé par cette Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie, mais "c'est la première fois que nous avons pu nous concentrer sur un incident, rassembler des indications et les vérifier", a déclaré l'un de ses membres, Hanny Megally, en conférence de presse. "Les informations disponibles indiquent que les frappes ont été menées par un avion russe utilisant des armes non guidées, y compris des armes à effet de souffle", affirme la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie, dans son 15e rapport, qui couvre la période allant de juillet 2017 au 15 janvier 2018.

Des milliers d'entretiens réalisés. L'attaque mentionnée dans le rapport s'est produite le 13 novembre sur le marché d'Atareb, située dans l'ouest de la province d'Alep. Elle a fait au moins 84 morts, dont 6 femmes et 5 enfants, et environ 150 blessés, selon ce rapport qui sera présenté la semaine prochaine au Conseil des droits de l'homme de l'ONU. "Rien n'indique que l'attaque ait délibérément visé des civils ou le marché d'Atareb. Toutefois, l'utilisation de bombes non guidées, y compris d'armes à effet de souffle, dans une zone densément peuplée de civils, peut constituer un crime de guerre", conclut le rapport. La Commission, mandatée par le Conseil, n'a jamais eu le feu vert de Damas pour aller sur le terrain mais a procédé à des milliers d'entretiens dans la région, et a eu accès à des documents et des photos satellites.

 

La coalition également pointée du doigt. Lors de la présentation du rapport, le président de la Commission, Paulo Pinheiro, a aussi dénoncé le raid meurtrier, en mars 2017, de la coalition sous commandement américain sur une école servant de centre pour les déplacés, dans la province de Raqqa. Selon le rapport, 200 personnes se trouvaient dans l'école et 150 corps ont été retrouvés. La Commission indique que la présence de déplacés dans l'école était alors une information "facilement accessible", et souligne que rien ne permet de conclure que des combattants du groupe Etat islamique (EI) se trouvaient dans le bâtiment, sans toutefois évoquer un possible crime de guerre.