Soudan 2:09
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Thibaud Hue, édité par Alexandre Dalifard / Crédit photo : ABUBAKARR JALLOH / AFP , modifié à
En Europe, la tension s'est accrue en cette fin de semaine au Soudan. Depuis le 15 avril, plus de 400 personnes sont mortes selon les derniers bilans et 3.700 sont blessées. Face à cette guerre, plusieurs pays font évacuer leurs ressortissants. Un certain nombre d'entre eux, dont des Français, ont déjà quitté le pays.

La France, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d'autres pays ont commencé dimanche à évacuer leurs ressortissants ou leur personnel diplomatique du Soudan, où les combats meurtriers entre armée et paramilitaires font rage depuis plus d'une semaine. Selon des images vidéo recueillies par l'AFP, des convois de dizaines de véhicules blancs de l'ONU sortaient dimanche de Khartoum, tout comme de nombreux cars, et se dirigeaient vers Port-Soudan, dans l'est du pays. Il n'était pas possible dans l'immédiat de savoir qui se trouvait à bord. Des tirs et des explosions ont encore secoué dimanche la capitale et ses banlieues, survolées par des avions de combat, selon des témoins.

Le pape François a appelé au "dialogue" face à la "grave" situation dans le pays, où, depuis le 15 avril, les deux généraux au pouvoir depuis leur putsch de 2021 se sont lancés dans une guerre sans merci. Les violences, principalement à Khartoum et au Darfour, dans l'ouest, ont fait selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) plus de 420 morts et 3.700 blessés. Elles ont déplacé des dizaines de milliers de personnes vers d'autres Etats du Soudan, ou vers le Tchad et l'Egypte, tandis que plusieurs pays se mobilisent pour évacuer leurs ressortissants.

Deux avions français

Selon des informations du Quai d'Orsay, qu'Europe 1 s'est procurée, un premier avion français a décollé avec une centaine de personnes à bord et devrait atterrir à 18 heures à Djibouti. Un second est "déjà sur zone et devrait décoller à 17h30", chacun ayant environ cent personnes à leur bord, ont indiqué des sources diplomatiques françaises à l'AFP. Ce sera tout pour ce dimanche, les évacuations sont d'ores et déjà suspendues le temps de la nuit et reprendront lundi matin. Au total, près de 1.500 ressortissants européens, dont 300 Français, doivent être évacués.

Une opération de grande ampleur et d'une extrême complexité, explique le général Jean-Paul Paloméros, ancien commandant suprême de l'Otan. Pour lui, il est très difficile de contrôler les combattants qui sont sur les terrain. "Il y a ces deux parties qui se font face, qui utilisent vraiment les forces militaires, y compris les forces aériennes. Donc même l'aéroport est à risque", alerte-t-il au micro d'Europe 1. Le général précise que le but est de faire prendre le moindre risque aux ressortissants. "On a des forces professionnelles, fort heureusement, très aguerries à ce genre de situation", se rassure Jean-Paul Paloméros. Pour le moment, l'évacuation par avion est privilégiée. Emmanuel Macron a dialogué avec les dirigeants djiboutiens et éthiopiens pour faciliter l'entrée des appareils dans leur espace aérien. Mais plusieurs options de sortie terrestre par la route ont aussi été étudiées, en sachant que les ressortissants à prendre en charge sont très nombreux.

Un convoi français visé ?

"Les risques, c'est que lors des affrontements qui se passent actuellement, c'est que des ressortissants européens puissent être l'objet de tirs de la part des parties qui se tirent dessus, voire parfois de prise d'otages", explique également le général Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU. 

Par ailleurs, un convoi de Français aurait été chahuté. L'information qui fait acte de cette situation provient des Forces de soutien rapide (FSR), ces milices anti-gouvernementale. Selon un communiqué, le convoi d'évacuation français aurait été mis en danger par des frappes aériennes à Omdourman, dans la banlieue nord de Khartoum, la capitale. Un ressortissant français aurait été blessé et le convoi aurait dû faire demi-tour. Une information sous réserve. Contacté par Europe 1, le Quai d'Orsay ne souhaite ni la commenter ni la confirmer.